Quelque 15,5 millions d'Irakiens votent aujourd'hui pour élire leurs 275 députés à l'Assemblée nationale, une élection placée sous haute surveillance dans un pays meurtri quotidiennement par la violence. Le scrutin a commencé dès lundi, avec le vote des détenus, des malades et des membres de forces de sécurité, soit près de 300 000 électeurs. Selon la commission électorale, 307 “entités politiques” et 19 coalitions représentant 7 655 candidats s'affronteront pour les 275 sièges du Parlement. L'Alliance irakienne unifiée, chiite religieuse, qui avait remporté les dernières élections, est reconduite, avec le soutien du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak, CSRII, du parti Daawa du Premier ministre Ibrahim Jaâfari. Elle compte cette fois-ci la mouvance radicale de Moqtada Sadr. L'Alliance kurde regroupe le Parti démocratique du Kurdistan et l'Union patriotique du Kurdistan, la liste irakienne nationale associe à l'ancien Premier ministre irakien chiite Iyad Allaoui des Arabes sunnites libéraux et des communistes et la liste du Congrès national irakien représente le vice-Premier ministre Ahmed Chalabi, ancien protégé de Washington. Les sunnites se sont regroupés au sein du Front irakien de la concorde, Parti islamique, Conférence du peuple d'Irak et le Conseil du dialogue national, et dans le Front irakien pour le dialogue national. Sur les 275 sièges, 230 sont distribués aux 18 provinces et 45, appelés “sièges nationaux”, seront alloués aux partis qui n'obtiendront pas de siège au niveau provincial, mais dont le score national sera assez élevé. La nouvelle Assemblée, élue pour quatre ans, devra choisir un conseil présidentiel, un président et deux vice-présidents, et un chef du gouvernement. Près de trois ans après le déclenchement de la guerre par la coalition internationale sous commandement américain qui a conduit à la chute de Saddam Hussein en avril 2003, cette élection marque une nouvelle étape dans la mise en place d'institutions permanentes, après l'adoption par référendum d'une nouvelle Constitution le 15 octobre. Mais cette lente marche vers la souveraineté se fait dans un contexte d'insécurité permanente. Le président américain George W. Bush a évoqué, lundi, un bilan depuis l'invasion de l'Irak, en mars 2003, de 30 000 Irakiens tués, mais des observateurs indépendants estiment qu'il dépasse 100 000 morts. Par ailleurs, le président américain George W. Bush s'est beaucoup employé récemment à convaincre une opinion publique de plus en plus hostile à la guerre en Irak que les législatives dans ce pays lui donneraient raison de continuer à y risquer la vie de dizaines de milliers de soldats. Enfin, la branche irakienne d'Al Qaïda, dirigée par Abou Moussab al Zarqaoui a annoncé, hier, sur Internet le lancement d'une offensive d'envergure en Irak contre “les bastions des apostats” afin de “perturber les noces "démocratiques" de l'impiété et de la prostitution”. R. I./Agences