Sur un nombre de 17 000 demandes d'emploi inscrites depuis le 1er janvier de l'année en cours, seulement 4 000 demandes toutes qualifications confondues ont pu être satisfaites. Au niveau de la wilaya d'Oran, un chiffre qui renseigne sur l'étendue du marasme que connaît le marché de l'emploi dans la deuxième ville du pays. Les cinq agences nationales d'emploi qui activent à Oran et au niveau d'Arzew et de Béthioua subissent des dysfonctionnements dans le suivi et l'acheminement des demandes d'emploi, dont des milliers achoppent sur des considérations purement bureaucratiques. “Nous comptabiliseront des milliers de demandes d'emploi qui sont enregistrées depuis le début de l'année. Des centaines de jeunes demandeurs frais émoulus ne peuvent, de ce fait, prétendre à un emploi correspondant à leur qualification. C'est la politique de deux poids deux mesures”, affirme un chef d'agence d'emploi à Oran. Dans cet ordre d'idées, des milliers de jeunes chômeurs font les frais d'une politique “hasardeuse” à la limite de l'“ostracisme” si l'en on juge par le nombre grandissant des diplômés éconduits. Depuis les événements d'Arzew qui avaient fait deux morts, les autorités locales semblent appliquer à la lettre les recommandations des différents ministères de tutelle. Ainsi, les jeunes diplômés résidant à Oran ne peuvent pas postuler à un emploi à Arzew ou à Béthioua et vice-versa. “C'est une situation singulière qui prête à équivoque dans la mesure où le marché de l'emploi n'obéit plus à des critères de recrutement basés sur la normalité de l'équilibre des postes de travail entre les 26 communes de la wilaya”, explique pour sa part un responsable de l'Office national des statistiques à Oran. “J'ai réussi à un concours de recrutement d'électrotechnicien à Sonatrach, à Béthioua. Contre toute attente, ma candidature a été malheureusement écartée au profit d'un autre candidat, ne présentant pas le même profil que moi, mais qui a l'avantage de résider à Arzew”, s'offusque R. Ismaël, jeune diplômé de l'université d'Es Sénia. Il n'est pas le seul à vivre cette situation dichotomique, puisque un nombre incalculable de jeunes chômeurs sont ballottés au gré d'une politique injuste qui les prive de travail. Dans certaines entreprises nationales, l'emploi est devenu héréditaire, au seul bénéfice des enfants des travailleurs qui partent en retraite. “Dans ce cas de figure, il n'existe aucune loi autorisant les enfants des travailleurs à remplacer leurs pères. C'est une forme d'exclusion caractérisée car elle pénalise les jeunes à la recherche d'un emploi”, s'indigne un chef d'agence d'emploi du centre- ville d'Oran. En tout état de cause, cette nouvelle forme de recrutement, qui s'opère au su et au vu de tout le monde, risque de creuser encore plus le fossé des disparités en matière de demandes et d'offres d'emploi. B. GHRISSI