L'offre du marché du travail est insuffisante pour répondre aux nombreuses demandes. La réalité du marché de l'emploi en Algérie suscite encore des controverses. L'Agence nationale de l'emploi (Anem) a enregistré 900.000 demandes d'emploi en 2007. La même agence n'offre que près de 200.000 postes durant la même année. Ce qui veut dire que plus de 700.000 demandes n'ont reçu aucune suite durant la même année. Au niveau national, c'est-à-dire hors Anem, la demande est évaluée à 1.200.000 demandes pour l'année 2007. Ces statistiques nous amènent à nous interroger sur le taux réel du chômage. Il est difficile, voire impossible, d'avancer un chiffre plus ou moins proche de la réalité. Plusieurs chiffres ont été avancés. Les ONG et économistes parlent de 15%. L'Office national des statistiques avance 13.8%. Pis, des ministres du même gouvernement se contredisent. Le gouvernement évalue le chômage à 11,8%. Tayeb Louh, ministre du Travail et de l'Emploi, annonce 11% seulement. L'inévitable Djamel Ouled Abbès indique un chiffre, sans précision, de moins de 10%. Qui croire dans cette panoplie de chiffres contradictoires sur un sujet pourtant sensible? Au-delà de cette bataille habituelle des chiffres, le taux de chômage, à la lumière des données évoquées plus haut, est appelé plutôt à connaître une hausse. La demande dépasse de très loin l'offre d'emploi. Seulement pour 2007, on a recensé plus de 700.000 demandes d'emploi qui n'ont pas eu de suite. Il serait contradictoire de parler de baisse du taux de chômage dans ce contexte. La lutte contre le chômage doit inclure tous les secteurs du gouvernement. Chaque département est appelé à trouver des activités qui finiront par générer des postes d'emploi. S'agissant de l'offre et de la demande de l'emploi, il y a lieu de s'interroger sur la faisabilité de la nouvelle stratégie mise en place en mars dernier par le gouvernement. La politique élaborée par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale n'aura pas l'effet escompté et semble loin de résoudre la problématique de l'emploi. Cela même si les objectifs ciblés seraient atteints. Explication: le département de Tayeb Louh prévoit la création, dans le cadre de la nouvelle stratégie, de 450.000 emplois/an. Plus exactement, les prévisions de cette politique 2009-2013 est d'arriver à créer 452.585 postes d'emploi/an. Ce qui laisse entendre qu'environ 2.250.000 emplois seront créés en l'espace de cinq ans. Le chiffre paraît énorme, à la première lecture. Mais il ne doit pas cacher l'autre face de l'iceberg. Avec une moyenne de 450.000 emplois/an, on n'arrivera jamais à satisfaire les besoins du marché national. La demande dépasse le 1.000.000 demandes/an. Autrement dit, cette politique ne répondra qu'à moins de 50% de la demande nationale. L'offre est inférieure à la demande, voire en inadéquation. Globalement, les prévisions de M.Louh visent la création de plus de 2.000.000 de postes d'ici 2013. Prenons l'année 2007 comme échantillon de demandes d'emploi, on enregistrera d'ici 2013 près de 5.000.000 demandes. Certes, il y aura plus d'offres dans les cinq prochaines années, dit-on. Mais il y aura également plus de demandes. D'autant plus que cette nouvelle politique ne vise pas à résoudre définitivement le problème. Il s'agit juste d'insertions momentanées. En d'autres termes temporaires. Sans plus. Illustration: cette stratégie n'envisage la création que de 190.000 postes d'emploi permanents/an sur l'ensemble des 450.000 prévus. Ainsi, plus de 200.000 jeunes insérés chaque année se retrouveront de nouveau au chômage à la fin de leur contrat. Avant même la fin de l'application de cette stratégie (2013), il y aura des «licenciements» des jeunes insérés au cours de la première année de l'application de cette stratégie. C'est le retour à la case départ. Sans vouloir noircir le tableau, on ne qualifie pas la politique de M.Louh d'échec, mais d'insuffisance. Certes, le ministre de l'Emploi, Tayeb Louh, a planché sur la question. Le gouvernement s'est engagé à offrir plus de chances au travail. Les dispositifs ne manquent pas. Des stratégies ont été mises en place. On cite le Contrat préemploi (CPE), Contrat d'insertion des diplômés (CID), Contrat insertion professionnelle CIP et Contrat de formation-insertion (CFI). Au-delà des attentes et des ambitions des «stratèges», cette nouvelle politique du gouvernement ne pourrait pas couvrir les besoins du marché de l'emploi en Algérie. On a eu l'expérience du dispositif du CPE. Il a été lancé par Djamel Ould Abbès, ex-ministre de la Solidarité nationale. Qualifié «d'innovateur» à l'époque, sa politique a subi des critiques acerbes. D'ailleurs, même le gouvernement qui l'a adoptée, n'a pas manqué de la qualifier d'échec. M.Louh lui-même a avoué que ce système «fortement sollicité n'a pas donné les résultats significatifs en termes de recrutement, à l'issue de la période d'insertion». Et de faire ressortir que le système introduit par «son ami» Ould Abbès, présente beaucoup «d'insuffisances».