Sur un nombre de 27 000 demandes d'emploi inscrites depuis le 1er janvier de l'année en cours, seulement 7 654, toutes qualifications confondues, ont pu être satisfaites au niveau de la wilaya d'Oran. Un chiffre qui renseigne sur l'étendue du marasme que connaît le marché de l'emploi dans la deuxième ville du pays. Les cinq agences nationales d'emploi qui activent à Oran et au niveau de Béthioua et d'Arzew subissent les contrecoups dans le suivi et l'acheminement des demandes d'emploi. « Nous comptabilisons des centaines de demandes d'emploi qui répondent au profil du candidat souhaité par l'entreprise, mais pour des raisons bureaucratiques, nous favorisons les candidatures émanant des demandeurs résidant dans l'axe Arzew-Béthioua-Mers El Hadjadj », affirme un responsable local comme pour s'excuser. Des centaines de jeunes demandeurs frais émoulus ne peuvent, de ce fait, prétendre à un emploi correspondant à leur qualification. « C'est la politique des deux poids, deux mesures », estime pour sa part un chef d'agence de l'ANEM à Oran. Dans cet ordre d'idées, des milliers de jeunes chômeurs diplômés font les frais d'une politique « hasardeuse » si l'on en juge par le nombre grandissant des diplômés éconduits. Ainsi, les jeunes diplômés résidant à Oran ne peuvent pas postuler à un emploi à Arzew ou à Béthioua et vice-versa. Situation dichotomique « C'est une situation singulière qui prête à équivoque compte tenu du marché de l'emploi qui n'obéit plus à des critères de recrutement basés sur l'équilibre des postes de travail entre les 26 communes de la wilaya », explique un responsable de l'Office nationale des statistiques à Oran. « J'ai réussi à un concours de recrutement d'électrotechnicien à Sonatrach (Arzew, ndlr). Contre toute attente, ma candidature fut écartée au profit d'un autre candidat, ne présentant pas le même profil que moi, mais qui avait l'avantage de résider à Béthioua », s'offusque Ismaël, jeune diplômé de l'USTO. Il n'est pas le seul à vivre cette situation dichotomique. Dans certaines entreprises nationales, l'emploi est devenu héréditaire, au seul bénéfice des enfants des travailleurs qui partent en retraite. « Dans ce cas de figure, il n'existe aucune loi autorisant les enfants des travailleurs à remplacer leur père. C'est une forme d'exclusion caractérisée car elle pénalise les jeunes à la recherche d'un poste de travail », estime un chef de service au niveau de la direction de l'Emploi. En définitive, cette nouvelle forme de recrutement, qui s'opère au su et au vu de tout le monde, risque de creuser encore plus le fossé des disparités en matière de demandes et d'offres d'emploi.