Nous avons durant de nombreuses et longues années fait la promotion de films, parfois de livres, que nous avons aimés ou qu'il nous semblait utile de faire connaître. Travail passionnant et mobilisateur qui, en retour, nous a apporté beaucoup de satisfaction morale. Il nous a aussi permis d'apprendre, de comprendre les œuvres et les hommes. Les films et les livres étaient ceux des autres, de nos amis parfois, et nous sommes toujours allés à leur rencontre avec bonheur. Y a-t-il plus belle chose que la découverte et le partage ? Aujourd'hui, notre tâche est plus compliquée car il s'agit de promouvoir un livre particulier, un livre signé par nous, un livre de nous. Alors, que faire ? Il est certain que nous mettrons toutes nos forces dans cette bataille, pour présenter et faire aimer ce travail. Nous demanderons bien sûr à tous nos amis des médias, de la presse, de la télé, des radios, de nous aider à faire passer notre message. Mais nous leur demanderons aussi, modestement, de dire ce qu'ils pensent de ce livre, de cet ensemble de textes. Car il s'agit de textes choisis, écrits et dits durant une trentaine d'années, jalonnant une expérience professionnelle et rappelant des lieux et des moments marquants. Nous nous lançons dans cette expérience nouvelle avec détermination, car nous savons qu'elle nous permettra de découvrir de l'intérieur le monde des livres et de l'édition. Nous essaierons à cette occasion de comprendre pourquoi, comme pour le cinéma, le public ne répond pas ? Nous tenterons d'aller vers l'essentiel pour trouver des réponses précises à ces deux questions qui nous obsèdent : pourquoi le livre ne se vend-il pas bien chez nous ? Pourquoi un tirage de 3 000 exemplaires, c'est-à-dire un chiffre mineur, est-il perçu comme un record ? En effet, si pour le cinéma tout parait simple (pas de films, pas de salles !), il n'en est pas de même, à notre avis, pour le livre. Il est vrai que les écrivains sont peu nombreux, que les vraies librairies se comptent sur les doigts des mains, que la plupart des bibliothèques attendent que leurs princes viennent les réveiller ; il est vrai aussi que le prix du livre est cher alors que les salaires sont dérisoires, comme il est vrai également que l'école ne pousse pas les enfants à la lecture ; il est vrai enfin et surtout qu'il n'existe pas de véritable politique nationale du livre. Mais enfin, un livre n'est pas un film ! Il peut à la limite être vendu dans la rue, à la criée. Les bouquinistes de la place de la Grande-Poste, malheureusement chassés aujourd'hui, ne nous avaient-ils pas, grâce à leur savoir-faire et aux prix modiques qu'ils pratiquaient, redonné espoir ? En nous jetant à l'eau aujourd'hui, en offrant notre œuvre aux lecteurs, c'est aussi de tout cela que nous voulons parler. B. K. [email protected]