Le constat est sévère et sans appel en ce qui concerne la qualité des produits laitiers consommés quotidiennement. Deux chiffres, des plus éloquents, ont été donnés par le directeur régional de la concurrence et des prix d'Oran qui a révélé que “15% des produits laitiers sont en infraction sur le plan microbiologique et 50% autres sur le plan physio-chimique !” C'est tout autant ce constat désastreux qui a amené la direction du commerce à organiser dernièrement une journée d'information, au siège de la Ccio, à l'intention des opérateurs locaux de la filière lait qui, par ailleurs, n'étaient guère nombreux à avoir assisté à cette rencontre. Ces derniers ont ainsi été confrontés, et sans contestation possible, aux résultats des contrôles effectués par les laboratoires de la DCP durant la période de juin 2004 à juin 2005. Ainsi, il ressort que pour les contrôles microbiologiques ce sont en tout 205 échantillons qui ont été analysés avec un taux de plus de 14% de produits non conformes. En tête des infractions l'on trouve le lait : sur les 62 échantillons, 55 sont non conformes, soit un taux de 24% de non-conformité ; vient ensuite les fromages : sur les 110 échantillons, 10% sont non conformes. ces données trahissent les conditions d'hygiène dans lesquelles sont fabriqués les produits laitiers, les plus sensibles pourtant dans la chaîne des denrées alimentaires. Cette situation est des plus affolantes quand on sait que certains germes trouvés dans ces produits laitiers peuvent aller jusqu'à causer la mort des consommateurs. De par le passé, de nombreux cas de décès ont été signalés suite à la consommation de fromage en portion. Sur le plan physico-chimique, là aussi les résultats des contrôles trahissent des infractions qui relèvent de la fraude purement et simplement. Pour preuve, sur un total de 299 échantillons, 124 sont non conformes, soit un taux de 41,27%. Plus en détails, les résultats de ces contrôles ont mis en relief que sur 43 échantillons de lait, 24 sont non conformes, c'est-à-dire 55% de non-conformité. Les infractions concernent la présence de matière grasse végétale à la place de matière grasse animale, déficit en poids, présence élevée d'acidité, etc. De même pour les fromages, où le taux de non-conformité est de 47,25% pour 182 échantillons. Là encore, on nous parle de déficit en poids, en matière grasse, présence d'amidon, etc. Pour le responsable de la direction régionale du commerce, des contrôles vont se poursuivre au niveau des établissements de production : “nous ferons dans un premier temps des recommandations et nous laisserons un délai de quelques mois aux opérateurs pour s'y conformer, notamment pour l'application des dispositions du décret 91-53 du 23 février 1991 relatif aux conditions d'hygiène lors du processus de la mise à la consommation des denrées alimentaires, mais la deuxième phase sera cette fois-ci répressive !”, a encore annoncé l'orateur. Lors des débats, des opérateurs ont surtout tenu à souligner que le problème venait de la rupture de la chaîne de froid et de l'exposition sur les étalages de produits laitiers. Une façon de vouloir faire partager avec d'autres la responsabilité de ce constat désastreux quant à la qualité des produits consommés. En cette période estivale, c'est une situation qui n'est guère saine. faut-il rappeler que le ministère de la Santé a annoncé pour la seule année 2004 plus de 5 000 cas d'intoxication alimentaire. Un chiffre qui plus est à relativiser du fait de l'auto-médication de nombre de citoyens. F. BOUMEDIÈNE