Le président du MSP considère la tripartite comme une rencontre protocolaire. La Centrale syndicale réplique : “La tripartite est un acquis inestimable en termes de dialogue social.” L'appréciation très mitigée du rôle de la tripartite, par Boudjerra Soltani, n'a pas été du goût de l'Union nationale des travailleurs algériens (UGTA). Dans une déclaration diffusée hier, la centrale syndicale réplique vivement au président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui est aussi ministre d'Etat, estimant qu'il “fait injure à la composante de cet espace créé en 1991 et qui a permis aux pouvoirs publics, aux travailleurs et aux employeurs de surmonter des situations de crise en assurant à chaque occasion la cohésion sociale et la stabilité du pays face aux agressions multiformes dont il a été l'objet, particulièrement le contexte sécuritaire dont chacun a souvenance”. Invité de l'émission Qanaât, de la Chaîne I de la radio nationale jeudi dernier, M. Soltani a considéré que l'unique point ayant son importance dans les prochains pourparlers entre le gouvernement, l'UGTA et le patronat est le sort de la loi sur la fonction publique. “Sinon, ce rendez-vous n'est qu'une formalité protocolaire”, a estimé le chef du MSP. Pour la centrale syndicale, de telles déclarations relèvent “d'un jugement de valeur”. Contrairement au ministre d'Etat, elle voit en la tripartite “un acquis inestimable en termes de dialogue social, d'échanges et de règlement des antagonismes qui sont survenus à maintes reprises”. Le mettant face à ses propres contradictions, l'organisation de Abdelmadjid Sidi-Saïd rappelle à Soltani qu'il a lui-même siégé au sein de la tripartite, du temps où il était ministre du travail et de la sécurité sociale. Il avait été nommé à ce poste en 1999 dans le gouvernement d'Ahmed Benbitour. Mais, depuis, beaucoup de choses ont changé ; l'ascension du chef islamiste au sein de son propre parti dont il préside les destinées depuis le décès de Mahfoudh Nahnah et sa propulsion au rang de ministre d'Etat, à l'instar de Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, lui ouvrent des perspectives et le nourrissent d'ambitions. En s'attaquant à la tripartite, il ne charge pas seulement l'UGTA, mais également le gouvernement et son Chef. Dans une récente conférence de presse, il avait exprimé cette hostilité en décriant l'action de l'Exécutif, qualifiée de lente et boiteuse. “Notre participation au gouvernement et à l'alliance présidentielle ne nous empêche pas d'émettre des critiques ni d'afficher son opposition quand il y va des constantes nationales et de l'identité algérienne”, a-t-il réitéré à l'émission Qanaât. Sa critique rejoint les réserves ressassées par le SG du FLN qui, depuis plusieurs mois, est entré dans une guerre froide avec le patron du RND. Martelant la nécessité d'amender la constitution, Belkhadem trouve naturel que la chefferie du gouvernement revienne au parti majoritaire, le sien actuellement. Si le président du MSP ne peut pas prétendre à un tel destin, il estime en revanche qu'il est propice de parler la même langue que le FLN, une formation qui a le vent en poupe. À cet effet, il est de bon ton d'afficher un profil de contradicteur à l'exécutif en place. En déplorant dans une énième critique le monopole syndical de l'UGTA, Soltani cible par ricochet Ouyahia. “Certains syndicats continuent à être favorisés”, a-t-il encore regretté dans les studios de la Chaîne I. SAMIA LOKMANE