Elles survivent dans des baraques depuis plus de quarante ans. L'attente d'une habitation plus décente a tellement duré qu'aujourd'hui ces familles n'y croient plus. À Tizi Ghenif (55 km à l'extrême sud-ouest du chef-lieu de wilaya, Tizi-Ouzou), pas moins de 75 familles continuent à vivre, 44 ans après l'Indépendance, dans des conditions qui frisent la misère : promiscuité totale, absence de commodités et danger de mort… Toujours au même lieu, il existe encore des cités dites de regroupement telles que la cité du stade et la cité de la gendarmerie. Lors de nos déplacements sur les lieux, nous avons rencontré des familles regroupées dans l'ex-Caps depuis maintenant presque une année. Pour en savoir plus sur la situation de ces malheureux citoyens, nous nous sommes rapprochés de certains parmi eux. Dans ce soi-disant centre de transit, habitent depuis onze mois déjà, trente et une familles issues de la cité de la gendarmerie. Certaines sont abritées dans des tentes et des gourbis de fortune en roseaux, menaçant ruine. Des égouts sont déversés à ciel ouvert. Dans cette cour qui a servi pendant ces dernières années de caserne pour un bataillon de l'ANP, ont été installés des robinets d'eau potable. Des enfants, comme dans la Grande Maison, font des va-et-vient avec des bidons remplis d'eau car, selon nos informations, ce liquide ô combien vital, ne coule qu'une fois par hasard. “Les autorités nous ont installé ici, exactement le 15 de l'an dernier. Elles nous ont promis de nous construire des logements sur le site de notre cité dans les six mois. Malheureusement, il y a maintenant une année, les travaux de terrassement piétinent encore”, nous a expliqué M. Larbi, un membre de l'association de la cité. Et d'ajouter : “Dernièrement, le wali de Tizi Ouzou a finalement fait un geste louable dans notre direction. La restructuration a été décidée. Alors, les autorités locales nous ont proposé de nous installer au sein de l'ex-Caps pour une durée de six mois. Après la démolition de nos bidonvilles, un litige est apparu. Une partie du site est vendue à la zone d'activité. Ceci a causé le retard dans le lancement des logements.” Nos interlocuteurs, nous ont appris par ailleurs que les quarante- quatre familles restantes qui ont quitté ce site étaient accueillies par des parents ailleurs. En tout cas, il semblerait que le problème de ces citoyens ne sera pas réglé de sitôt. Dans la commune de Tizi-Ghenif, d'autres familles vivent dans les mêmes conditions. Certes, il y a une volonté de résoudre tous les cas des autres cités-bidonvilles, mais il ne faut pas perdre de vue que la régularisation administrative des terrains n'est pas aussi facile qu'on le pense. Le cas de la cité de la gendarmerie illustre bel et bien ces difficultés. Pour les familles résidant dans ce camp, c'est l'inquiétude à telle enseigne qu'elles commencent à perdre espoir. O. Ghilès