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“Firmat el fare” ou la lueur des cancéreux
LE CENTRE DE CONVALESCENCE DES ENFANTS MALADES D'ORAN
Publié dans Liberté le 12 - 01 - 2006

Une invitation à découvrir un site pittoresque, un petit coin de paradis, qui se trouve à quelque 50 km à l'ouest d'Oran. Un lieu préservé et précieux au milieu des bois, à proximité du petit village de Cap-Blanc. Les personnes âgées qui ont vécu dans ce village, comme posé là entre montagne et mer, désignent encore l'endroit sous l'expression de “firmat el fare”!
Alors que notre regard survolait les étendues de vignes et d'oliviers défilant de part et d'autre de la route qui nous menait vers notre destination, cette expression “firmat el fare” évoquait pour nous, citadins sans poésie, des relents de banlieues oranaises baignant dans des eaux nauséabondes. A cet instant, nous n'avons pas compris que “firmat el fare” signifiait en fait le “phare”, la lumière qui, la nuit venue, guide en mer les navires en déperdition.
“Firmat el fare”, cette lumière imagée est devenue aujourd'hui la lueur de la “vie” pour des centaines d'enfants atteints du cancer. Des enfants luttant contre le mal qui ronge peu à peu leur corps et qui viennent en ces lieux, un centre de convalescence Souilyah L'Houari, pour y trouver le repos, la paix… Juste un peu de répit, le temps d'un séjour, d'une parenthèse dans leur univers de douleurs. Créé il y a plus de dix ans par l'Association d'aide aux enfants cancéreux, qui avait pour parrain le regretté Abdelkader Alloula, ce centre vit et existe grâce à l'engagement et à l'abnégation d'hommes et de femmes qui donnent amour et espoir sans compter à des enfants qui les remercient par de simples sourires.
Celui qui préside aujourd'hui aux destinées de l'association, Hadj Missoum, et qui était l'un des premiers dans cet engagement bénévole, nous a fixé rendez vous au centre de convalescence.
Un ancien pavillon de chasse
Pour y arriver il nous faudra quitter la route vallonnée et emprunter un chemin de forêt qui en quelques minutes débouche sur une clairière au milieu de nulle part. Un pavillon au toit de tuiles rouges avec une véranda et une tonnelle émerge brusquement, entouré de massif de fleurs et de figuiers… Sous la tonnelle ombragée nous apercevons un groupe d'adolescents en compagnie de deux adultes. Ce sont des handicapés mentaux. À notre vue, ils viennent spontanément vers nous, nous serrant chaleureusement les mains. Notre hôte apparaît. D'emblée, il nous explique que l'Association d'aide aux enfants cancéreux ouvre son centre au profit d'autres enfants malades ou en difficultés qui viennent de plusieurs régions pour des cessions de quinze jours. Leur prise en charge est totale. Hadj Missoum nous fait le tour de la propriété qui s'étend en fait sur plus de 3 ha. Tout autour du pavillon, des bois, des fourrés épais d'où nous parviennent le chant des oiseaux cachés dans la cime des pins d'Alep, des sapins et autres peupliers. Les senteurs de la sève des arbres et des écorces nous parviennent et nous chatouillent les narines. Une source naturelle, limpide et fraîche confère encore plus aux lieux ce sentiment de rareté qui nous a envahi dès notre arrivé.
Autrefois, du temps de la colonisation, cette demeure aurait été la propriété d'un écrivain suisse, un certain Shmolkil. Il y séjournait rarement et la plupart du temps le gardiennage de la propriété était confié à un Français qui employait plusieurs Algériens pour travailler la terre, nous ont raconté des anciens du village. Au lendemain de l'indépendance, le pavillon devient bien d'Etat et c'est l'ex-président Chadli, amateur de chasse et de nature, qui y séjournera, parfois, transformant la propriété en pavillon de chasse. Là aussi, nous dit-on Chadli faisait organiser des lâchers de perdrix pour s'adonner à l'un de ses plaisir favoris. D'ailleurs, c'est grâce à lui que l'association recevra plus tard, comme don, cette propriété qui est devenue aujourd'hui le centre de convalescence Souyah L'Houari. Un beau cadeau en somme et quelle destinée pour un lieu de villégiature devenu centre pour malades. Hadj Missoum nous fait visiter l'intérieur de ce coquet pavillon. Des chambres avec des lits superposés pouvant accueillir une dizaine d'enfants. C'est comme si l'on se trouvait dans une famille nombreuse. Et c'est presque la réalité. La “maman” de la maison, Fatima, nous rejoint, c'est elle qui assure tout le fonctionnement de la maisonnée. Nous découvrons la cuisine et ces équipements collectifs. Fatima, un foulard sur la tête, à ce visage des bonnes mères rassurantes et généreuses. Cela fait onze ans qu'elle est la nounou, la gouvernante des enfants qui séjournent ici accompagnés de médecins et d'éducateurs. “Avant, je travaillais dans la restauration, maintenant pour l'association depuis 11 ans. Même à l'époque du terrorisme l'on venait ici régulièrement. Avec El Hadj Missoum, il nous est souvent arrivé de prendre la route la nuit pour rentrer, lui à Oran et moi à Aïn El kerma. El hamdouli Lah… nous n'avons jamais rien eu”, raconte-t-elle. Plusieurs gardiens séjournent également de façon quasi permanente. La “maman” des lieux restera discrète sur cette période alors que bien souvent la nuit tombée, elle brave le danger en empruntant parfois des raccourcis pour rejoindre son village à quelque 5 km du centre. Aujourd'hui, c'est le retour au calme “el h'ena”. D'ailleurs, c'est cela qui doit prévaloir en ces lieux faits pour accueillir des enfants atteints du cancer. Le président de l'association nous explique que grâce à un programme européen, UGP, des travaux de rénovation dans la demeure ont pu être réalisés, ainsi que l'aménagement d'un deuxième dortoir pouvant recevoir 20 enfants. Ce financement a également permis d'acheter des ordinateurs, une télévision grand écran. “Pendant leur séjour les enfants pourront ainsi s'initier à l'informatique, l'Internet. Nous avons d'autres projets comme construire une piscine…”, précise Hadj Missoum.Mais pour tout cela, il faut de l'argent, beaucoup d'argent, car en plus du fonctionnement du centre, les achats pour la nourriture, le blanchiment du linge, le transport et la rémunération des quinze employés permanents de l'association, celle-ci prend également à sa charge les soins des enfants comme le scanner, la scintigraphie, les analyses etc. La majorité des enfants hospitalisés au centre des enfants cancéreux sont issus de familles extrêmement modestes. L'ensemble des dépenses peut atteindre le milliard de centimes ! Ce n'est probablement pas avec les 30 millions de subventions de la wilaya que l'association peut poursuivre son œuvre. Heureusement que de très nombreux et généreux donateurs s'engagent toujours aux côtés de l'association des enfants cancéreux. C'est encore grâce à cet engagement d'hommes et de femmes que le centre d'accueil des parents des enfants hospitalisés a pu être créé à Oran il y a plusieurs années. Le centre de Cap-Blanc restera à jamais, espérons-le, cet endroit préservé que le temps n'a pas atteint pour le plus grand bien des enfants cruellement frappés par la maladie.
F. BOUMEDIENE


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