Les portes d'essaâda, association des asthmatiques de la wilaya de Annaba, sont toujours ouvertes, mais il n'y a plus rien à donner aux malades. Cela fait plus de cinq ans que les subventions de l'Etat qui aidaient cette association, avec la générosité de certains citoyens, à tenir son rôle et représenter un peu d'espoir aux malades qui ne se sentaient plus seuls dans leur détresse ont cessé, et peu à peu les activités ont disparu. Même le bureau n'est plus le même. Le téléphone est coupé pour non-paiement de facture et seules deux jeunes filles asthmatiques et le président assurent encore la permanence pour essayer, tant bien que mal, d'orienter le peu de malades qui viennent encore pour demander de l'aide. Afin de ne pas laisser les asthmatiques pauvres (la plus grande partie sont des chômeurs ou ont un emploi précaire), sans assistance, pour ce qui est des médicaments nécessaires (broncho-dilatateurs, corticoïdes), l'association s'est endettée auprès d'une pharmacie du quartier à qui elle doit une facture de plus de 100 000 DA, une facture que l'APC avait promis de régler depuis deux ans, avant que son fonds de solidarité ne soit suspendu. C'est le volet de l'absence de prise en charge et de suivi de la maladie qui est le point le plus important pour M. Guezgouz, président d'Essaâda. Ce dernier déplore la cherté des médicaments, ce qui pousse les plus démunis à se contenter de la ventoline et à devenir des habitués des urgences, car les crises se font de plus en plus répétées quand la maladie n'est pas suivie en permanence par un spécialiste. “Même la salle des urgences du centre de santé est trop petite (7 lits) pour accueillir chaque jour les dizaines d'asthmatiques, (sans parler des autres pathologies) et beaucoup, les jours d'affluence, doivent rester sous oxygène, assis sur des chaises. Comment, dans ce cas, parler d'hygiène et de désinfection systématique des appareils ? Cette maladie, très handicapante, et qui se répand de plus en plus dans la société, n'est pas gérée de façon adéquate, ce qui l'aggrave d'autant plus, provoquant ainsi de nombreux décès.” Ceux qui se rendent au DAT, censés suivre leur traitement, n'y reviennent que rarement, car ils n'ont pas les moyens d'acheter les médicaments. Et même à ce niveau, il n'y a pas de suivi approfondi des malades. Les contrôles sont superficiels, faute de moyens appropriés mis à la disposition des médecins. “Nous voulons une réelle prise en charge de l'asthme et la reconnaissance que c'est une maladie chronique. Le malade est ballotté entre les urgences et l'hôpital quand il est aux stades 1 et 2 de la maladie sans suivi réel (carnet de santé...). Nous en avons assez des anciennes méthodes, il faut gérer cette maladie avec des moyens modernes pour espérer obtenir des résultats. Sinon quel avenir pour les milliers de malades, parmi lesquels on compte une majorité d'enfants ?” Hafiza M.