Une voix du terroir africain dit : “Sois à l'écoute, dit la vieille Afrique. Tout parle. Tout est parole. Tout cherche à nous communiquer un état d'être mystérieusement enrichissant... Apprends à écouter le silence, et tu découvriras qu'il est musique.” C'est à cette richesse de la littérature orale africaine que Amadou Hampâté Bâ, écrivain, historien et philosophe malien s'est voué des années durant. Il fut membre du Conseil exécutif à l'Unesco, de 1962 à 1970. Il est l'un de ceux qui ont contribué le plus à faire reconnaître, à travers le monde, les cultures orales africaines. En même temps qu'il en révéla les valeurs et les richesses, il mit l'accent sur leur précarité et participa lui-même activement à leur sauvetage. Ces conférences sur le sujet on révélé toute l'importance et la nécessité de la sauvegarde de la diversité culturelle. Il a publié une œuvre considérable compilant des textes de la littérature orale. Son récit, l'Etrange destin de Wangrin (Presse de la cité, Coll. 10-18, Paris, 1973), lui a valu le Grand Prix de littérature de l'Afrique noire. Son livre, Vie et enseignement de Tierno Bokar, le sage de Bandiagara (Seuil, Paris, 1980), est un hommage à son maître spirituel dont il fut le disciple. Enfin, son ouvrage intitulé : Amkoullele, l'enfant peul (Actes-Sud, Arles, 1991) constitue le premier tome de ses mémoires. Il fait découvrir la force de vie de la parole en la présentant comme étant par excellence : “Le grand agent actif de la magie africaine.” En effet, les langues africaines se sont faites au contact avec les métiers locaux et portées par des voix que la parole accroît et symbolise. Un proverbe africain dit : “Le forgeron forge la parole, le tisserand la tisse, le cordonnier la lisse en la corroyant.” L'ensemble de ses archives manuscrits, qui constitue le fonds Amadou Hampâté Bâ, est le fruit d'un demi-siècle de recherches sur les traditions orales africaines. La plupart des documents du fonds, touchant presque tous les domaines des connaissances traditionnelles en Afrique subsaharienne (histoire, mythes, contes et légendes, littérature orale, sociologies, etc.) sont répertoriés et microfilmés. Ces documents sont déposés dans les principales bibliothèques d'Afrique et de France pour être mis, comme le souhaitait Amadou Hampâté Bâ, à la disposition des chercheurs*. ABDENNOUR ABDESSELAM *Sources : Revue : Le courrier de l'Unesco. Sep. 1993.