Dans une cassette audio, diffusée jeudi par la chaîne Al Jazeera et authentifiée par les spécialistes de la CIA, le patron de la nébuleuse Al Qaïda annonce de nouveaux attentats aux Etats-Unis tout en évoquant la possibilité d'une trêve. George Bush n'a pas tardé à répondre à l'offre de trêve proposée par Oussama Ben Laden. “Nous ne négocions pas avec les terroristes. Nous les mettons hors d'état de nuire”, a rétorqué le porte-parole de la Maison-Blanche, Scott McClellan, sans oublier d'ajouter : “Nous ne devons pas arrêter tant qu'ils ne seront pas vaincus.” “Il est clair que les chefs d'Al Qaïda sont en fuite. Ils sont soumis à une forte pression et c'est pourquoi il est important de ne pas lâcher prise et de ne pas arrêter tant que nous n'avons pas fini le travail. Ce sont les terroristes qui ont engagé cette guerre et le président a signifié clairement que nous la terminerons, là et quand nous le déciderons”, a également affirmé Scott McClellan. Tout en promettant “d'agir sur tous les fronts”, le porte-parole de la Maison-Blanche a indiqué : “Nous avons déjà amené devant les tribunaux trois quarts des chefs d'Al Qaïda. Et nous n'allons pas lâcher prise (...) Nous allons continuer à les traquer où qu'ils soient (...) Et nous allons gagner cette guerre contre le terrorisme.” De son côté, le vice-président américain Dick Cheney a versé dans le même sens sur la chaîne Fox News : “Nous ne négocions pas avec les terroristes. Je pense que nous devons les détruire. C'est la seule façon de les traiter.” “Si l'enregistrement est authentique et s'il est récent, il indique à l'évidence que les rumeurs selon lesquelles il était mort n'étaient pas valables”, a ajouté le bras droit de George Bush. Les réactions américaines interviennent après que le patron de la nébuleuse Al Qaïda eut annoncé que des attentats étaient en préparation sur le sol américain. “Des opérations sont en cours de préparation et vous allez les voir dans votre pays dès que ces préparations seront achevées”, a dit avec exactitude Oussama Ben Laden. Maniant avec adresse la politique de la carotte et du bâton, il propose une trêve aux Américains. “Nous n'avons pas d'objection à vous offrir une trêve (hudna) de longue durée dans des conditions justes que nous respecterons, parce que nous sommes une nation à laquelle Dieu interdit la traîtrise et le mensonge”, affirme le leader d'Al Qaïda. Le terme arabe employé par Ben Laden signifie clairement qu'il ne songe pas à une fin des hostilités, mais à une simple suspension. Il y a lieu de relever, cependant, que les conditions de cette offre de trêve ne sont pas détaillées. Selon lui, cette trêve “fournira aux deux parties sécurité et stabilité et permettra de reconstruire l'Irak et l'Afghanistan, qui ont été démolis par les guerres”. Quant au fait qu'il n'y ait pas eu aux Etats-Unis d'attentat similaire à ceux de septembre 2001, l'ennemi public numéro un de l'Amérique précisera que cela “n'est pas dû aux difficultés d'infiltration suite aux mesures prises par les autorités américaines”. Il conclura sa proposition en regrettant que le seul point négatif de son offre de trêve est qu'elle “mettra fin au flot de centaines de milliards de dollars que reçoivent ceux qui ont le pouvoir et font le commerce de la guerre aux Etats-Unis et qui ont soutenu la campagne électorale de Bush”. La diffusion de la cassette d'Oussama Ben Laden et le récent raid américain au Pakistan visant son adjoint Ayman al Zawahiri relancent les spéculations sur leur présence aux confins de la frontière pakistano-afghane, où beaucoup estiment qu'ils ont pu trouver refuge. Pour rappel, des milliers de soldats américains ratissent depuis quatre ans le côté afghan de la frontière et occasionnellement lancent des opérations du côté pakistanais de cette “Ligne Durand” d'une porosité légendaire. K. ABDELKAMEL