Lors de la reprise de son procès, aujourd'hui à Bagdad, le président déchu, Saddam Hussein, se trouvera face à un nouveau juge, le chiite Saïd al Hamachi, qui a remplacé son collègue démissionnaire, le Kurde Rizkar Amine, critiqué pour son manque de fermeté à l'égard de l'accusé. L'ancien président et 7 de ses lieutenants sont accusés du massacre de 148 villageois chiites de Doujaïl dans les années 1980 en représailles à l'attaque du convoi de Saddam Hussein lorsque celui-ci visitait le village en 1982. Dans l'air depuis un certain temps, la démission du juge qui a présidé aux 7 premières audiences du Haut Tribunal pénal irakien a été confirmée à la mi-janvier. En dépit de démentis officiels, le juge kurde, qui garde le silence sur les raisons de son départ, a jeté l'éponge en raison des dures critiques venant de responsables chiites sur sa manière jugée molle de conduire les débats, alors que Saddam Hussein et ses co-accusés se sont montrés extrêmement combatifs. Le nouveau juge a promis de changer de méthode dans une interview au quotidien à capitaux saoudiens Asharq al Awsat en déclarant : “Peu m'importe qui se trouve devant moi, un ancien président ou autre.” “Ce qui m'intéresse, c'est que justice soit faite”, a-t-il ajouté. À la question de savoir s'il aura tendance à laisser l'ancien président se livrer à des discours politiques, comme il l'avait souvent fait lors des précédentes audiences, il a répondu : “Chaque chose en son temps.” “Je ne veux rien anticiper (...), mais j'ai l'intention de diriger les débats conformément à la loi et aux véritables règlements”, a-t-il ajouté. Le nouveau juge part cependant avec un handicap : des liens supposés avec le Baas, parti dissous de l'ancien maître absolu de l'Irak, évoqués par un organisme chargé de purger l'administration et les institutions de l'Etat. “Le tribunal ne prendra pas en considération la recommandation du Comité d'épuration de l'ancien parti Baas et Saïd al Hamachi continuera à faire partie de notre juridiction”, a toutefois tranché, le 19 janvier, Raed al Jouhi, juge d'instruction. “Le tribunal n'a aucune preuve attestant que le juge Hamachi soit concerné par la loi sur l'épuration du Baas”, a-t-il ajouté. Le Comité d'épuration du Baas avait affirmé que le juge Hamachi ne pouvait pas conduire les prochaines audiences du procès de Saddam Hussein ayant été membre du parti du président déchu.