Le subterfuge est simple : une fois arrivés aux frontières algériennes, ces pseudo-investisseurs font croire aux douaniers qu'ils ont dans leurs bagages d'importantes sommes, uniquement pour pouvoir exporter les mêmes montants mais, cette fois-ci, avec de vraies devises. Les services des douanes viennent de mettre à nu cette technique de transfert illicite de capitaux vers l'étranger. C'est un phénomène de fraude d'un genre nouveau et particulièrement virulent pour la stabilité économique du pays que les services des Douanes algériennes viennent de mettre à nu. Dans ce trafic de devises et de transferts illicites de capitaux, les fraudeurs pris en flagrant délit sont des individus de nationalité étrangère qui se présentaient sous le statut d'honorables hommes d'affaires et de potentiels investisseurs que le marché algérien intéresse. Le subterfuge est simple ; une fois arrivés aux frontières algériennes, ces pseudo investisseurs font croire aux douaniers qu'ils ont dans leurs bagages d'importantes sommes en devises. Ils font donc une déclaration sur des sommes qui varient selon nos sources de 45 mille à 90 mille euros. En réalité, ces trafiquants vont utiliser cette déclaration plus tard quand ils quitteront le territoire national avec cette fois-ci des sommes réelles qu'ils ont préalablement déclarées à leur arrivée. Ils quitteront donc le pays en toute légalité et sans être inquiétés. Dans l'histoire, ils arrivent en Algérie avec zéro devise et ils repartent avec des sacs pleins. En fait, nos sources révèlent que le phénomène a été découvert grâce aux services des douanes de l'aéroport international d'Alger où les officiers de contrôle se sont évertués à démanteler le mécanisme, qui reste loin d'éveiller les moindres soupçons, puisque aucun signe de mauvaise foi ne pouvait être décelé, d'autant qu'il s'agissait de ressortissants étrangers aux allures des plus sérieuses et à qui l'on songerait même à accorder toutes les facilitations. C'est ainsi que le pot aux roses a été découvert par les douaniers en arrêtant plusieurs de ces individus, tous de nationalité étrangère. Ils ont été présentés à la justice pour fausse déclaration de devises, ajoutent nos sources. Il faut savoir que le subterfuge a été découvert lorsque l'un de ces fraudeurs a déclaré en arrivant à l'aéroport d'Alger avoir sur lui 60 mille euros. Pour toute réponse, le douanier demande à vérifier. Devant cette exigence, le fraudeur pris de court et ne s'attendant pas à ce genre de contrôle, s'est vu dans l'incapacité de présenter la somme déclarée. Nos sources précisent également, que sur ce trafic qui porte atteinte “aux réserves de change du pays, plusieurs ramifications existent”. Explications : ces étrangers travaillent officiellement pour le compte de “grandes et sérieuses sociétés étrangères implantées chez nous dont la réputation est irréprochable”. La même source ajoute que ces mêmes sociétés, qui dégagent d'importants profits grâce à leurs investissements sur le marché algérien, “ne se contentent pas de transférer leurs bénéfices en devises en fonction de ce que permet la loi algérienne. Elles veulent transférer le maximum de fonds car elles sont inondées de dinars générés par leur activité. Ces excédents de dinars vont leur permettre d'acheter la devise sur le marché parallèle, ce qui leur permet de transférer ainsi leurs euros par valise et par porteur”. Entendre par là un porteur étranger. Sans citer de noms ni de segments d'activités où exercent ces entreprises, nos sources font savoir que les douanes algériennes ont inauguré une ère nouvelle de contrôle qui n'exclut aucune société étrangère “quel que soit son niveau d'activité, l'intérêt étant de protéger l'économie algérienne”. Aussi des ramifications et des complicités surprenantes pourraient être établies dans ce trafic lié à la fuite de capitaux qui emprunte des voies ouvertes par le système de facilitations que consacre la réglementation algérienne aux investisseurs. C'est ainsi qu'au courant de l'année 2005 les services des douanes ont démantelé une autre forme d'arnaque au niveau du port sec CMA CGM. “Des sociétés étrangères, ayant obtenu un statut de droit algérien, ont importé du matériel industriel vétuste qui n'a aucune valeur commerciale”. Ces équipements de surcroît accompagnés du régime préférentiel suite “aux avantages ANDI obtenus par la société” vont servir de justificatifs à des transferts illicites de devises. Et ces opérations se chiffrent en “sommes faramineuses”. Mieux encore, le matériel importé n'est ensuite jamais utilisé, “ce sont des épaves destinées a être revendues à des exportateurs de déchets ferreux”. D'autres sociétés étrangères sont également mises en cause dans ce trafic, à l'image de ce qui s'est passé à Mostaganem, à travers l'affaire des 2 docks flottants qui devaient justifier un transfert de plus de 29 millions d'euros. Cette situation rappelle étrangement le fameux scandale des D15 dans la mesure où des sociétés étrangères ont été prises en flagrant délit de fraude sous le régime de l'admission temporaire d'un matériel censé avoir été importé pour leurs besoins exclusifs et non à la revente ou à la location. Ce genre d'investisseurs — si l'on peut les qualifier ainsi — peuvent s'avérer dangereux pour la stabilité du pays car en bénéficiant des avantages fiscaux et parafiscaux, ils deviennent de sérieux concurrents aux opérateurs économiques de la place. Tout comme ils risquent de porter atteinte à la stabilité des équilibres monétaires dans la mesure où la multiplication des transferts illicites reste un facteur d'entretien du marché parallèle de la devise où s'expriment les besoins de fuite fiscale. ABDELKRIM Allem