Le buteur brésilien Romario, petite taille mais grande gueule, considéré comme un des derniers rebelles du football, a fêté ses 40 ans hier avec une seule obsession : marquer encore 51 fois et atteindre la barre mythique des mille buts, celle du roi Pelé. “J'ai marqué 949 fois, ce n'est pas mon décompte, c'est celui de la Fifa”, insiste l'ex-enfant terrible du football auriverde, professionnel depuis 20 ans en dépit d'un comportement de diva et d'un individualisme forcené. Sacré meilleur buteur du championnat du Brésil en 2005 (22 buts en 31 matches avec Vasco da Gama), Romario entamera bientôt sa dernière saison de joueur avec une faim de buts décuplée par la perspective de s'asseoir aux côtés du plus grand de tous les temps, Pelé et ses 1 281 buts en 1 363 matches. Malgré ses tempes grisonnantes, l'ancien joueur du PSV Eindhoven et du FC Barcelone, à la trajectoire tortueuse entre l'Europe, le Brésil et le Qatar, a d'ailleurs récemment annoncé prolonger sa carrière pour cette seule et unique raison : mettre un jour la balle dans le mille. “Mon ambition n'est plus d'être le meilleur sur le terrain ou d'offrir du spectacle, je veux juste continuer à envoyer le ballon au fond des filets”, disait-il, il y a deux ans déjà, juste avant de passer le cap des 900 buts. Mais cet objectif ne le fera pas pour autant changer. Là est toute la magie Romario : un joueur hors norme, champion du monde (1994) d'Amérique du Sud (1989 et 1997), des Pays-Bas (1989, 1991, 1992) et d'Espagne (1994), à l'hygiène de vie pourtant totalement incompatible avec les exigences du haut niveau. Fêtard invétéré, coureur de jupons incapable de fidélité — et qui le revendique —, habitué des gazettes pour des raisons souvent extra-sportives — en mars, il a été condamné à dédommager Zico pour la caricature de l'ex-meneur brésilien qui ornait les toilettes de son bar à Rio —, Romario est différent mais l'assume. “O Baixinho” (le petit), 1,69 m et un caractère de feu, est un cas : capable d'envoyer balader son entraîneur à Barcelone, un certain Johan Cruyff, qui s'inquiétait de ses fréquentes virées nocturnes (“Mais pour qui se prend-il ?” s'était demandé Romario), capable de se prendre pour le 3e meilleur joueur du monde (“Après Pelé, Maradona. Et après Maradona, moi !” a-t-il dit un jour), capable de faire six enfants à quatre femmes différentes et d'oublier de payer ses pensions alimentaires... Capable de tout, surtout dans la surface de réparation. “Je n'ai pas peur de ne pas finir au sommet”, a-t-il répondu un jour à ses nombreux détracteurs, qui trouvent sa fin de carrière pathétique. Mais Romario de Souza Faria, l'étoile que l'on croyait filante, aura su trouver une place à part entière dans la galaxie brésilienne. Qu'il parvienne à viser dans le mille, ou non.