RESUME : Lotfi n'est pas prêt de partir. Rabiha sait presque tout de lui. Elle le trouve si parfait pour sa fille qu'elle lui demande de sortir Mayssa, un jeudi. Elle lui remet même le numéro de sa fille. Cette dernière espère qu'il ne l'appellera pas mais c'est mal le connaître… -Je ne dérange pas, j'espère ? Mayssa a envie de répondre que si. Cet appel si matinal est loin de la réjouir. Mais sa mère se tient près d'elle, elle veut tout écouter. Elle est heureuse. Son regard pétillant la prie de répondre. - Oui ! Sa mère la pince et Mayssa est contrainte à rectifier sa réponse. - Enfin, je veux dire que non. - J'appelais pour savoir si on pourrait se voir demain, dit Lotfi. Je voudrais prendre ma journée. Si demain te convient aussi. - J'ai à faire, répond Mayssa. Une autre fois. Une nouvelle fois, sa mère la pince. Mayssa n'a pas le choix. Elle est contrainte à accepter, pour ne pas contrarier sa mère. D'ailleurs, il insiste pour la voir, ne serait-ce que le temps de prendre le café. - C'est bon, murmure-t-elle. Je prendrais mon après-midi. Lotfi propose de passer au cabinet. Elle accepte sans joie. Quand elle raccroche, elle se tourne vers sa mère qui lui parle déjà de ce qu'elle portera. - Maman ! Mais qu'est-ce qui t'arrive ? Pourquoi ai-je l'impression que tu veux me jeter dans ses bras ? - Il ne peut rien t'arriver de méchant, dans ses bras, réplique Rabiha. Cela ne te fera aucun mal de couper avec le travail. - Sur ce point, je suis d'accord avec toi. Et c'est pour cela que j'accepte. - Je voudrais t'accompagner quand tu feras des achats, dit Rabiha. Tu dois te mettre en valeur. Mais Mayssa refuse. Le lendemain, quand Lotfi vient la chercher, elle est habillée d'un tailleur de couleur foncé. Elle ne s'est pas maquillée et n'a pas libéré ses cheveux. Elle a mis juste un peu de parfum. Lotfi la trouve très belle. Il la complimente. - Il est rare de rencontrer une femme qui ne se sert pas d'artifice, dit-il. En général, la plupart de celles qui ont rendez-vous passe une grande partie de leur temps chez l'esthéticienne et la coiffeuse. - Je n'en ai pas le temps et je n'en vois pas l'utilité, réplique Mayssa avant de lui demander : - Où allons-nous ? - Je n'ai pas encore déjeuné et je propose d'aller au restaurant. Mayssa pense qu'il l'emmènera dans un restaurant du quartier. Elle est surprise quand ils quittent Baghlia et se rendent à Alger. - Pourquoi aussi loin ? - Je veux que nous soyons à l'aise, répond Lotfi. Ils s'arrêtent devant un beau restaurant, réputé pour sa bonne cuisine. - La bonne cuisine ne m'impessionne pas. Pas même ce luxueux décor, ajoute Mayssa. Pourquoi m'avoir emmené si loin ? - Pour te parler de mon amour. J'attends depuis longtemps. Je devais te l'avouer sinon je crois que je deviendrais fou. - Je ne vous crois pas, dit Mayssa qui parvient difficilement à garder son sérieux. - Pourtant c'est la vérité. Je t'aime. Je ne peux pas imaginer ma vie sans toi, poursuit Lotfi. Il fallait que je te le dise. - Sinon tu serais devenu fou, conclut-elle. Vraiment. J'en ai entendu des belles. Mais celle-là, jamais. - Que veux-tu que je fasse pour te prouver mon amour ? lui demande-t-il. - Sortir de ma vie, répond Mayssa. - Tu veux ma mort ? - Non, juste que tu continues ta vie sans moi, lui dit-elle. Ce sera mieux pour toi. - Qu'en sais-tu ce qu'il peut y avoir de mieux pour moi ? Ce qui m'est arrivé de mieux est notre rencontre, réplique Lotfi. Ma vie est illuminée. J'ai enfin trouvé mon soleil. Pourtant, tu dois savoir que sans soleil, tout meurt. Je risque de mourir. - Mais qu'en sais-tu ? Peut-être que c'est ce que je veux t'éviter en refusant de te donner une seule chance, d'être avec moi. Malgré les années passées, elle a encore en tête de douloureux souvenirs. Elle voudrait trouver la force de se confier. Le fait de savoir qu'elle porte malheur à ceux qui l'aiment d'amour devrait le refroidir. Mais comment le lui dire ? La prendra-t-il au sérieux? - Pourquoi es-tu si triste ? l'interroge-t-il. - Parce que… - Parce que quoi ? Que s'est-il passé qui a pu te marquer à ce point ? Mayssa évite de baisser les yeux pour que les larmes ne coulent pas. La gorge serrée, elle se demande si elle aura la force de se confier à lui. Elle a encore si mal. (À suivre) A. K.