Cette victoire face au Cameroun, qui vous avait battu deux fois lors des éliminatoires, était vraiment importante pour le groupe... Henri Michel : Quand on s'est qualifiés pour le Mondial, les gens disaient qu'on ne méritait pas, que le Cameroun méritait. Quand on a perdu le match face au Cameroun à Abidjan (3-2, lors des éliminatoires, ndlr), c'était la catastrophe. Et là, ce match est venu à point pour remettre les pendules à l'heure. On a démontré qu'on avait bien notre place à la Coupe du monde. Vous aviez essuyé pas mal de critiques après la qualification, et là on vous sent assez revanchard... J'ai tellement peu aimé les discours auxquels on a eu droit après notre qualification. Donc c'est bien, je suis content pour ça. Il n'y a pas un entraîneur qui peut dire qu'il est content quand il est critiqué. La critique, elle vaut quand elle est fondée, mais là, elle servait à faire mal. Mais on ne peut rien y faire. Vous sentez votre équipe libérée grâce à cette victoire ? Oui, et c'est normal. Mais ça va un peu plus loin que ça. On a franchi un palier. C'est une équipe toute neuve qui apprend. Le premier objectif, c'était de se qualifier pour la Coupe du monde, on l'a fait. Après, de rencontrer de grandes équipes, avant la CAN, on l'a fait. Passer le premier tour, on l'a fait, le quart de finale, on l'a fait... Et maintenant la demi-finale, et on va le faire. C'est une victoire idéale non seulement pour la CAN, mais en vue de la Coupe du monde... Contrairement à ce qu'on dit, ou à ce que l'on peut lire, la Côte d'Ivoire, meilleure équipe du monde... Meilleure équipe du monde, rien du tout. On n'a encore rien fait. Le plus dur est à venir. On n'a encore rien prouvé sur le terrain. Il ne faut pas dire que le plus dur est fait. Si on veut gagner, il faut tout gagner. Le problème avec la Côte d'Ivoire, c'est la limite entre la confiance et la suffisance. Ce n'est pas parce qu'on a battu le Cameroun qu'on est champions du monde. C'est tout de même bon pour la confiance ? J'aurais préféré qu'on gagne 1 à 0. La confiance, elle vient avec les résultats. Alors là, il y a, c'est vrai, un petit capital qu'il faut capitaliser justement. Vous avez à un moment envisagé de perdre ce match ? Si on avait été battus, cela aurait été une catastrophe, comme cela doit l'être en ce moment au Cameroun. Alors que cela s'est joué sur un rien. J'ai un peu l'habitude, mais... On sait de toute façon qu'on a des couteaux qui nous attendent. Il faut être vigilant, il ne faut pas se satisfaire de ce qu'on a. Vous affrontez le Nigeria en demi-finale, vous pensez quoi de cette équipe ? Je ne l'ai pas beaucoup vu jouer depuis le début, mais bon, on la connaît. C'est un peu le même style que le Cameroun, très physique, très solide. De toute façon, ce sera naturellement difficile. Peut-être qu'on aura un petit avantage au niveau de la fraîcheur. Depuis le début de cette CAN, vous paraissez extrêmement serein… C'est l'image que je voulais donner aux joueurs avant ce match face au Cameroun. Je donne une image comme ça, mais je ne suis pas tranquille... Il y a tellement de sensations en tant qu'entraîneur. A chaque fois que l'on gagne, on en profite quoi, 5 minutes, une journée ? Et puis après, on est déjà dans le prochain match. C'est un métier d'imbécile, un métier de con. Vous pourriez arrêter, pourtant ? Mais c'est la passion. J'aime tout ça, découvrir les joueurs, tous les jours j'apprends quelque chose. Aux côtés des Ivoiriens, j'ai appris leur fonctionnement, leur manière d'aborder les problèmes... J'ai vraiment beaucoup appris.