Malgré leur défaite en finale de la Coupe d'Afrique des nations de football face à l'Egypte (0-0, 2-4 TAB), vendredi au Caire, les Ivoiriens peuvent toutefois estimer avoir rempli leur contrat, emmagasinant une expérience bien utile à cinq mois d'une première participation à un Mondial. Finalement, la CAN n'était peut-être pas si “mal placée” que ça, comme l'avait pourtant claironné l'entraîneur des Eléphants Henri Michel avant le début de la compétition. Le sélectionneur avait des raisons d'être inquiet, lui qui jouait sa place et ses joueurs qui n'avaient “encore rien prouvé sur le terrain” selon le technicien français, leur légitimité. Au bout du compte, le premier a conforté son fauteuil et les Eléphants ont montré que leur place au Mondial n'était pas usurpée. “Il ne faut pas oublier le parcours que l'on a fait. C'est ce que j'ai dit aux joueurs : qu'est-ce qu'on a à se reprocher ? Rien”, a estimé le Français. “On était venus en essayant de jouer le maximum de matches possibles. Les jeunes ont acquis de l'expérience. Ils ont franchi un palier et peuvent encore progresser. Ils sont sur la bonne voie”, a-t-il ajouté. Fébriles au début de la compétition, après ses deux victoires poussives face au Maroc (1-0) et la Libye (2-0) et une claque face à l'Egypte, les coéquipiers de Drogba ont “progressé de match en match”, selon Michel. Ils ont surtout lavé un affront peut-être encore plus important même que la CAN, en sortant le Cameroun (0-0, 12-11 TAB), qui les avait battus deux fois lors des éliminatoires du Mondial, en quarts.Une victoire “déclic”, ont assuré la plupart des joueurs. “On sent que quelque chose a changé” après ce match, a expliqué Aruna Koné. Didier Drogba, qui voulait savoir si son équipe avait le “truc” qui réussirait à les transcender lors des grandes compétitions, a eu sa réponse. “Je pense que le groupe a de la qualité, il l'a montrée. On a gagné en maturité”, a assuré le milieu Didier Zokora. “Ils ont réussi à forger un groupe qui sera la base du Mondial”, a abondé Michel. Autre motif de satisfaction : la Côte d'Ivoire fut le seul des cinq mondialistes à répondre aux énormes attentes qui les entouraient. Tandis que le Togo, l'Angola, le Ghana et la Tunisie sont repartis remplis de doutes, eux, malgré la déception, s'en vont gorgés de confiance. “On est mondialiste, on devait marquer notre territoire. On est quand même arrivé en finale”, a estimé Zokora. Cette sélection “toute neuve, qui n'a que deux ans de vie”, comme l'explique Henri Michel, a aussi envoyé un message à ses adversaires du premier tour de la Coupe du monde : la Côte d'Ivoire sera plus dure à battre que prévu, et ne mérite peut-être pas l'appellation d'outsider d'un groupe où figurent l'Argentine, les Pays-Bas et la Serbie-Monténégro. “On a mérité le respect des autres équipes. On a montré qu'on ne s'était pas qualifiés pour rien. Cela prouve qu'on a de la qualité. On a nos chances pour la Coupe du monde”, a estimé l'ancien capitaine des Ivoiriens, Cyril Domoraud.