Ce qui devait être un téléfilm a été finalement projeté, en sortie nationale, jeudi, dans plusieurs salles de cinéma du pays. Réalisé par Bachir Derraïs, “Gourbi palace” reprend à son compte le choc que provoque la rencontre de deux mondes opposés, l'un nanti vivant dans le luxe et l'autre pauvre croupissant dans la précarité. Il s'ensuit une série de gags aussi vieux que l'invention du cinéma. Ce film est à l'affiche pendant tout le mois de février. Mais si le scénario de Lakhdar Boukhors, qui campe le rôle principal, n'a pas fait dans l'innovation, la nouveauté, elle, est venue du public. L'assistance, très nombreuse, qui a investi la salle El Mouggar d'Alger, ce jeudi, a peut-être institué une nouvelle tradition. Celle d'applaudir pendant la projection d'un film, acclamations qui accompagnaient les éclats de rire, bien entendu. Gourbi palace, produit par l'Entreprise nationale de la télévision, essaye de conter l'histoire d'une famille qu'un hasard, comme il n'en existe que dans le cinéma, a fait atterrir dans un luxueux hôtel pour un séjour illimité, tous frais payés, il en va de soi. Le choc des classes prend alors les allures de scènes burlesques, faites de caricatures poussées à l'extrême, n'épargnant ni les personnages, ni leurs accoutrements, ni certaines situations où l'on voit un longiligne se cogner la tête à toutes les portes, des chutes à répétition… avec les inévitables scènes du pauvre bougre qui découvre, après le gourbi, un monde qui lui est totalement inconnu, même la baignoire de la salle de bains du palace. Il y a eu, heureusement, le jeu des comédiens pour que Gourbi palace ne sombre pas dans le déjà très vu dans les sketchs de la Télévision nationale, surtout ceux diffusés pendant le mois de ramadan. Programmation dans laquelle ce téléfilm était initialement prévu. Mais le hasard, comme ceux qui n'arrivent qu'à l'écran, encore une fois, a voulu qu'il soit à l'affiche dans plusieurs salles de cinéma. Et le réalisateur, Bachir Derraïs, n'a certainement pas eu tort de le rappeler avant la projection de jeudi. “Jugez-le comme un téléfilm. Pour faire du cinéma, il faut des moyens beaucoup plus conséquents. Cette projection, dans une salle de cinéma, en simultané dans plusieurs villes du pays, reste, malgré tout, une excellente opportunité.” Du côté des comédiens, donc, Sid-Ahmed Agoumi a su donner de la vraisemblance à son personnage, mettant à contribution sa longue carrière de comédien. Il y a eu également, au chapitre des satisfactions, Fatima Hlilou qui a interprété son rôle avec une aisance certaine et la dégaine de Rachid Farès, lequel, malgré un rôle secondaire, a insufflé de la sympathie à son personnage. Comme il reste vrai aussi que Gourbi palace est aussi une réalisation et une maîtrise technique par laquelle les scènes se succèdent à un rythme qui peut cacher le manque d'imagination du scénario et des dialogues. Comme les applaudissements du public… S. B. Gourbi palace Réalisation : Rabah Derraïs, scénario Lakhdar Boukhors Avec Lakhdar Boukhors, Sid-Ahmed Agoumi, Hakim Dekkar, Fatima Hlilou, Farida Saboundji et Rachid Farès. Durée : 1 heure 30.