C'est une comédie empreinte d'une forme de fiction qui se confond avec la réalité sociale. L'Homme, pour éviter de se morfondre dans ses malheurs, a eu le génie de se créer des univers illusoires. Sa volonté d'oublier son sort le conduit jusqu'à se tourner au ridicule. C'est suivant un peu cette idée que Bachir Derrais et Lakhdar Boukhoras ont réalisé le téléfilm Gourbi Palace, projeté en avant-première avant-hier à la salle El Mougar. Le téléfilm relate l'histoire de Lakhdar, entrepreneur dans le bâtiment, il tente tant bien que mal de sortir sa petite famille d'une misère inextricable. Ce travail n'est que temporaire puisqu'il sera licencié après qu'un de ses ouvrier eut fait une chute mortelle d'un échafaudage. Et hop, adieu le job, adieu le gagne-pain et bienvenue les petites misères. Un soir, alors qu'il s'est permis une petite promenade pédestre nocturne, il tombe sur un richissime homme (Hamid, Sid-Ahmed Agoumi) braqué par des malfrats. Lakhdar le sauve de ce traquenard. Hamid, touché par ce geste, l'invite dans son palace. Les deux hommes se vident de leurs chagrins. Ils se confient l'un à l'autre. Hamid est riche, mais sa vie de famille est un véritable cauchemar; Lakhdar est pauvre et cela suffit. Et là, comme dans les contes des Mille et Une Nuits, Hamid met à la disposition de Lakhdar son palace, aux frais de la princesse bien sûr. Ce dernier quitte son gourbi et, accompagné de sa famille, va occuper une chambre dans le palace de son ami. Une fois installée, la famille de Lakhdar reproduit des attitudes et des comportements qui sont loin de refléter son nouveau milieu. Entre-temps, Hamid, vue sa vie de famille insupportable, pique une crise de dépression nerveuse. Il perd son palace et sa soeur le récupère. Cette dernière oblige Lakhdar à s'acquitter du montant de toutes ses consommations. Incapable de le faire, il s'est fait arrêter par la police avant d'atterrir, lui et ses deux fils, en prison. Là, il renoue avec une bande de malfaiteurs et accepte de participer au braquage d'une banque. Mais sa candeur et sa naïveté ont eu raison de lui, il fini interné dans un asile psychiatrique. D'une durée de 1h30, Gourbi Palace est un téléfilm qui traite les maux de la société algérienne par l'humour. C'est une comédie empreinte d'une forme de fiction qui se confond avec la réalité sociale. Et parce qu'il y a des malheurs qui font rire; parce qu'une société qui ne se moque pas de sa propre misère est une société condamnée à survivre ensevelie dans ses blessures, c'est pourquoi, parfois, il faut ridiculiser ses tristesses. Et dans ce téléfilm, on rit de tout et de rien. On rit de soi et des autres. Cela est accentué par les jeu des acteurs. Grace à la présence en force des comédiens et acteurs professionnels, tels Sid-Ahmed Agoumi, Fatima Hellilou, Lakhdar Bokhors, Hakim Dekkar, Rachid Farès , Gourbi palace a pris un look assez particulier. Le réalisateur, Bachir Derrais, peu avant la projection, a tenu à préciser que « le téléfilm devait passer sur le petit écran pendant le mois de Ramadan dernier ». Il convient de souligner enfin que Gourbi palace sera projeté dans six salles de cinéma à travers le territoire national. On cite donc la salle El Mougar, à Alger ; la maison de la culture d'Annaba ; la cinémathèque de Béjaïa ; le centre culturel de Batna ; la maison de la culture de Tizi-Ouzou et enfin la cinémathèque d'Oran.