Décidément, Londres et Washington, c'est du pareil au même en ce qui concerne le comportement de leurs soldats en Irak. Voilà que Tony Blair, le partenaire de Bush, contre vents et marées, est rattrapé par une affaire identique à celle d'Abou Ghraïb, cette prison qui a dévoilé aux yeux de l'opinion mondiale, la version américaine des droits de l'Homme. Le ministère britannique de la Défense a ordonné une enquête urgente sur une vidéo qui montre des militaires britanniques en Irak s'en prenant sauvagement à de jeunes Irakiens sans défense. Des photos tirées de la vidéo, présentant de jeunes Irakiens se faire attaquer par des soldats, sont publiées par la presse britannique. Comme à Abou Ghraïb, où des militaires américains avaient filmé des scènes dégradantes, horribles et bestiales pour épater leurs proches et amis aux Etats-Unis, les sévisses commis par des Britanniques ont été saisis par un caporal encourageant ses hommes. Le journal qui a révélé le scandale a pris soin de préciser que seule une minorité de soldats britanniques y serait impliquée. Plus de 80 000 britanniques, hommes et femmes, ont servi en Irak depuis le début des opérations militaires dans ce pays. La bande vidéo qui remonte en 2004, lors des émeutes de rues dans le sud de l'Irak, où sont concentrées les troupes britanniques, montre une minute de film au cours de laquelle 42 coups sont assénés par les militaires britanniques. The News of the World indique que la vidéo floue montre des soldats poursuivant de jeunes manifestants dans les rues et les entraînant dans un camp militaire où ils sont très brutalement frappés à coups de poing et de pied et auxquels on administre également de violents coups de matraque. La vidéo montre encore un soldat donnant des coups de pied dans la figure d'un Irakien mort, ajoute le journal. Toujours selon l'hebdomadaire, on entend le cameraman jubilant injurier les jeunes Irakiens : “Oh oui ! Oh oui ! Tu l'as bien mérité. Oui, sales petits mecs, sales petits c…, crevez ha ! ha !” Le régiment où ont eu lieu ces exactions n'a cependant pas été identifié par le journal. Ces révélations risquent de ranimer le débat sur la conduite des troupes américaines, britanniques et alliées depuis l'intervention militaire en mars 2003, destinée à renverser la dictature de Saddam Hussein. En février 2005, trois militaires britanniques avaient été condamnés à des peines de prison et renvoyés de l'armée pour des sévices pratiqués sur de prisonniers irakiens dans un camp dans le sud de l'Irak. À cette occasion, le chef de l'armée britannique, le général Mike Jackson, avait présenté ses excuses à tous les Irakiens. En 2004, le Daily Mirror de Londres avait publié une série de photos mettant en cause des membres appartenant au Queen's Lancashire Regiment, corps d'élite, qui, eux aussi, avaient été accusés de sévices sur des prisonniers irakiens. Ces clichés s'étaient toutefois révélés être des faux. D. Bouatta