Le groupe d'Abou Moussab Al-Zarqaoui, lié à Al-Qaïda, menace de tuer deux Américains et un Britannique, qu'il affirme détenir si des prisonnières irakiennes détenues à Abou Ghraïb n'étaient pas libérées dans les 48 heures, alors que les violences se poursuivent dans tout l'Irak. Le groupe de l'islamiste jordanien a revendiqué le rapt de deux Américains et d'un Britannique kidnappés jeudi dernier dans leur maison à Bagdad, dans une vidéo montrant trois hommes assis les yeux bandés, alors qu'un homme cagoulé de noir, debout derrière eux, pointe un fusil automatique dans leur direction. Située à l'ouest de Bagdad, la prison d'Abou Ghraïb a été au centre du scandale sur les sévices infligés à des prisonniers irakiens par leurs geôliers américains. Les Américains Jack Hensley et Eugène Armstrong, ainsi que le Britannique Kenneth Bigley étaient sous contrat avec Gulf Supplies and Commercial Services, une entreprise spécialisée dans la construction et les services généraux basée au Proche-Orient. Entre-temps, plusieurs villes d'Irak ont été le théâtre de violences. Dans la ville pétrolière de Kirkouk, située à 255 km au nord de Bagdad, une voiture piégée conduite par un kamikaze a tué dix personnes et blessé vingt autres près du quartier général de la Garde nationale, qui sert aussi de centre de recrutement. À Baaqouba, à 60 km au nord de Bagdad, un obus de mortier a explosé devant un lycée technique, faisant onze blessés parmi des lycéens et des parents rassemblés devant l'établissement dans l'attente de la proclamation des résultats de la session de rattrapage avant la nouvelle année scolaire. Toujours dans le nord, les cinq gardes du chef de la production pétrolière pour la région de Mossoul, Mohammed Ahmed Zebari, ont été tués et trois autres blessés dans une embuscade. Ces violences surviennent au lendemain de raids sanglants lancés par l'aviation de l'armée américaine contre des repaires présumés d'Abou Moussab Al-Zarqaoui, lié au réseau terroriste Al-Qaïda et présenté comme le responsable de nombreux attentats en Irak. Au moins cinquante-cinq personnes ont péri dans les raids. Le Comité des oulémas, principale organisation religieuse sunnite d'Irak, a accusé l'armée américaine d'entraver, par ses opérations, la libération des journalistes français Christian Chesnot et Georges Malbrunot, enlevés le 20 août avec leur chauffeur syrien Al-Joundi. Nous avons le sentiment que les forces américaines ne veulent pas la liberté de ces otages, parce qu'à chaque fois que nous nous approchons de la solution, ces forces poussent à l'escalade de la situation militaire, a déclaré le représentant de ce comité. Pour l'heure, cette grave accusation est sans réponse. C'est dans ce contexte de violences extrêmes que le Premier ministre irakien, Iyad Allaoui, a entamé une tournée qui l'a conduit à Londres avant Washington. La capitale britannique l'a reçu avec un brûlot du Daily Telegraph, rapportant que des documents secrets envoyés au Premier ministre britannique, Tony Blair, un an avant l'invasion de l'Irak, l'avertissaient que l'Irak risquait de sombrer dans le chaos après la guerre, dont l'un émane de son ministre des Affaires étrangères Jack Straw. D. B.