“Plus de 300 millions de personnes, soit le tiers de la population africaine, n'ont pas accès à l'eau potable et autant de personnes n'ont pas accès à l'eau d'assainissement adéquat. Cette situation se répercute fatalement sur la santé puisque, selon l'OMS, 50% d'Africains souffrent d'une des 6 maladies à transmission hydrique”. C'est là le constat amer fait hier par le ministre des Ressources en eau, M. Abdelmalek Sellal, à l'ouverture à l'hôtel Hilton d'Alger des travaux du 13e Congrès de l'Association africaine de l'eau. Placée sous le haut patronage du président de la République, la rencontre qui s'étalera jusqu'au 16 février a retenu pour cette année le thème “Eau et assainissement : quelles stratégies pour les défis du millénium ?” La séance inaugurale a été marquée hier par la présence de plusieurs membres du gouvernement Ouyahia, dont le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, le ministre de l'Environ-nement et de l'Aménagement du territoire, Cherif Rahmani, et la ministre de la Culture, Khalida Toumi. Le congrès sera donc l'occasion pour les participants, représentants d'Etat, d'organisations, d'institutions et d'entreprises de faire le point sur les diverses expériences des uns et des autres dans la mobilisation, la gestion et la distribution de l'eau potable, mais aussi dans le domaine de l'assainissement. Le ministre des Ressources en eau a, dans le chapitre des objectifs assignés à ce congrès, indiqué que “l'attente de résultats concrets de cette rencontre est d'autant plus forte qu'elle offre aussi une bonne opportunité pour porter une voix africaine solidaire” au 4e Forum mondial de l'eau qui se tiendra dans quelques semaines à Mexico. L'Afrique reste le continent qui souffre le plus du problème de la rareté des ressources hydriques. M. Sellal, qui a indiqué, à cette occasion, que plus du tiers des pays africains connaissent des situations tendues ou de pénuries avec un ratio inférieur à 1 700 m3 par an et par personne, a estimé que “la convergence des préoccupations et des initiatives de tous les pays autour de cette question cruciale peut permettre d'imaginer et de mettre en œuvre des solutions efficientes, justes et équilibrées, loin de tous différends ou risques de conflits”. L'orateur a ensuite insisté sur l'ampleur des efforts à accomplir, à la fois “pour éradiquer le dénuement des populations défavorisées et vulnérables pour faire face aux besoins sociaux d'une population africaine qui augmentera de 50% dans 20 ans pour atteindre 1,3 milliard d'habitants”. D'après M. Sellal, les investissements pour couvrir les besoins essentiels d'eau et d'assainissement sont évalués à 12 milliards de dollars par an. Dans son allocution, l'orateur a mis en exergue la nouvelle politique de l'eau menée par l'Algérie pour faire face à la raréfaction des réserves en eau et qui est basée sur la construction de barrages de grandes capacités et l'introduction d'une meilleure gestion des ressources hydriques. Prenant ensuite la parole, le ministre des Affaires étrangères a relevé, dans son intervention, qu'en 2010, pas moins de 17 pays africains souffriront du manque d'eau. Pour sa part, le ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire a indiqué que le problème de la rareté de l'eau touche actuellement environ 2 milliards de personnes dans le monde. Invité à prendre la parole, le président du Conseil mondial de l'eau a tenu à relever les efforts considérables faits par l'Algérie afin de venir à bout de la problématique de l'eau, estimant au passage que le pays demeure un exemple à suivre parmi les membres adhérents de l'organisation. De son côté, le représentant de l'Union européenne a affirmé que la Commission européenne, qui est, d'après lui, le plus grand bailleur de fonds dans le secteur de l'eau et de l'assainissement, est prête à aider les pays africains. Des représentants de bailleurs de fonds internationaux, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ainsi que des institutions ont assisté à ces assises. Hamid Saïdani