Le président irakien déchu, Saddam Hussein, a annoncé hier qu'il avait entamé depuis trois jours avec ses sept coaccusés une grève de la faim à la reprise de leur procès. “Nous sommes en grève de la faim depuis trois jours”, a dit l'ancien dictateur en s'asseyant dans le box des accusés à l'ouverture de la douzième audience du procès. Il n'a pas précisé les raisons de cette grève. Vêtu, comme la veille, d'une veste sombre sur une dichdacha, le président déchu a crié à son arrivée dans la salle : “Dieu est le plus grand, vive la nation arabe.” Son demi-frère Barzan al Tikriti, habillé en pyjama, a hurlé : “Je sacrifie le sang de mon père et ma mère pour le parti Baas.” L'ancien vice-président Taha Yassine Ramadan a demandé pourquoi il était conduit ici par la force et sans avocat. Le président du tribunal, Raouf Rachid Abdel Rahman, lui a répondu : “Parce que vos avocats vous ont abandonnés et ont quitté le pays. C'est pourquoi nous sommes obligés de vous nommer des avocats d'office selon la loi de 1971. C'est vous qui l'avez faite cette loi.” “Non, c'est (l'ancien administrateur américain) Paul Bremer qui vous a mis à ce poste. Chaque jour, on répète la même chose et on présente des témoins. Ce n'est pas un procès mais une série télévisée”, a répliqué Saddam Hussein. Le chef du tribunal a essayé de le faire taire en frappant avec son marteau sur la table. “C'est sur ta tête que tu devrais frapper avec ce marteau”, a lancé le dictateur déchu. Les avocats de la défense boycottent le tribunal qui siège dans la Zone verte ultra sécurisée au centre de Bagdad depuis le début du procès, le 19 octobre dernier. Ils exigent notamment la révocation du juge Abdel Rahman, pour “suspicion légitime”. Alors qu'un ancien responsable des services de sécurité témoignait derrière un rideau, Taha Yassine Ramadan a repris la parole : “Vous ne nous laissez pas parler ; vous chassez nos avocats ; vous conduisez les témoins par la force et ceux qui témoignent contre nous, nous ne les connaissons pas.” “Ce n'est pas la peine de le cacher, on l'a reconnu par sa voix”, a-t-il ajouté. Le témoin anonyme, visiblement impressionné de se retrouver en face des dirigeants de l'ancien régime, a indiqué : “J'ai déjà donné toutes les informations en ma possession et je n'ai rien à ajouter. J'étais un simple employé des services de renseignements.” R. I./Agences