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Saddam a boycotté l'audience d'hier
INCIDENT AU PROCÈS DE BAGHDAD
Publié dans L'Expression le 08 - 12 - 2005

Le procès du président déchu irakien a enregistré hier, son premier incident après le refus de Saddam Hussein d'y assister.
Décidément, le procès du ‘'siècle'' à Baghdad n‘arrive pas à prendre sa vitesse de croisière après les innombrables reports depuis son ouverture officielle le 19 octobre dernier. Hier, c'est le principal accusé, l'ancien président Saddam Hussein, qui a décidé d'apporter un peu de sel à un procès qui traîne quelque peu en refusant de venir assister à la cinquième audience d'un jugement plutôt cahin-caha. Le refus de participer au procès de l'ex-homme fort d'Irak avait entraîné une suspension de l'audience de la matinée d'hier. Cet imprévu a contraint le Haut tribunal pénal irakien (HTPI ex-TSI, Tribunal spécial irakien) à suspendre la séance de la matinée et de conférer, à huis clos, avec la défense des huit justiciables. Une source du tribunal se référant au retard de l'ouverture de l'audience avait alors expliqué qu'«il y a un retard car l´un des accusés refuse de venir dans la salle du tribunal. Cet accusé est réuni actuellement avec ses avocats», avant de dévoiler le nom de celui qui est la cause du retard. La même source avait indiqué peu après que le tribunal était réuni à huis clos avec la défense pour envisager la suite à donner au procès. «Il y a une réunion à huis clos. Les problèmes n´ont pas été réglés encore», avait indiqué cette source. Le procès pouvait se poursuivre en l'absence du principal accusé lequel encourait d'être jugé par contumace, mais le président du tribunal tient à ce que Saddam Hussein soit physiquement présent et assiste à toutes les phases du procès. De fait, Saddam Hussein qui a montré, depuis la reprise du procès, lundi, des signes d'impatience, était mardi dans tous ses états envoyant même au tribunal un retentissant «Allez au diable!». De fait, l'ex-président protestait contre les conditions dans lesquelles il estime être jugé indiquant qu'il n'avait pu ni changer de vêtements, ceux qu'il portait étant, selon lui, devenus sales, ni n'a été autorisé à fumer ou à se laver, concluant son apostrophe par ce coléreux «Allez au diable!». Aucune solution n'ayant pu être trouvée au refus de Saddam Hussein d'assister à son procès, ce dernier a repris dans l'après-midi d'hier en l'absence du principal accusé, l'ex-dictateur irakien. Les sept coaccusés de Saddam Hussein étaient en revanche présents dans le prétoire. L'avocat de Saddam Hussein, Khalil Al Doulaïmi, avait indiqué peu avant la reprise du procès que «le tribunal poursuivra le procès et informera l´accusé de son déroulement, pendant son absence, et je parle de Saddam Hussein». Ce que confirma peu après le président du tribunal, Rizar Amine, en indiquant que «le tribunal poursuivra le procès et informera l´accusé de son déroulement, pendant son absence. Je parle de Saddam Hussein». Un Saddam Hussein certes, présent physiquement, lundi et mardi, au procès mais qui a montré tout au long de son déroulement une indifférence très marquée pour ce qui se passe à l'audience. L'ancien président irakien et ses coaccusés sont jugés, rappelle-t-on, pour le massacre en 1982 de 148 villageois de Doujaïl, après la tentative d'attentat dont le cortège présidentiel avait été l'objet. Saddam Hussein et les sept hauts responsables de l'ancien régime risquent la peine capitale par pendaison. Mais Saddam Hussein avait affirmé, lundi lors de la reprise du procès, qu'il «n'avait pas peur de mourir». Ce massacre n´est que le premier dossier d´une longue liste de crimes qui devraient être successivement examinés par cette cour, comme la répression des chiites en 1991, le gazage des Kurdes de Halabja (nord-est) en 1988, le déplacement de 182.000 Kurdes en 1987-1988, la guerre avec l´Iran ou l´occupation du Koweït. Cependant, cette cascade de procès et d'accusations, pour lesquelles il encourt, pour chacune d'elle, la peine de mort, ne semble guère impressionner l'ex-président irakien qui justement, ne manque aucune occasion pour rappeler qu'il est «toujours le président légitime» de l'Irak et sarcastique de demander au tribunal «s´il pense que Saddam Hussein n´a pas autre chose à faire?». Très disert, l'ex-président irakien a indiqué aussi que «les Américains et les Israéliens veulent l´exécution de Saddam Hussein et ils se sentiraient plus petits que des puces s´ils n´arrivaient pas à le condamner.» Par ailleurs, l'audience de mardi a vu la passage à la barre de cinq témoins qui ont tenté d'expliquer les circonstances dans lesquelles a eu lieu la répression de 1982 lors de laquelle 148 villageois ont été massacrés, ont dénoncé d'autre part les tortures dont de nombreux villageois auraient été victimes de la part des services de sécurité du Baas. La défense des anciens responsables du régime bassiste avait, sans succès, demandé mardi le report du procès. Le président du tribunal avait alors indiqué: «Nous allons écouter deux témoins mercredi (hier) et nous déciderons ensuite d´une nouvelle date». Peu après, le président du tribunal a annoncé que le procès de Saddam Hussein est ajourné au 21 décembre prochain.

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