Le ministre des Participations et de la Promotion des investissements est intervenu, hier, au siège du FLN sur le processus de la privatisation. La problématique de la privatisation en Algérie a été hier au centre des débats de la commission de l'industrie et de l'agriculture du FLN. Dans une rencontre plénière tenue au siège national du parti à Hydra, en présence du secrétaire général du FLN Abdelaziz Belkhadem, Abdelhamid Temmar, le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, s'est démené pour défendre l'impératif d'une accélération du processus de la privatisation. Le ministre, présenté du reste comme un militant du parti, a tout d'abord situé le contexte dans lequel interviennent ces privatisations. “Nous avons un système économique qui est fait d'hommes et d'institutions où nous sommes obligés de travailler dans un cadre historique qu'on a hérité depuis l'Indépendance”, a-t-il indiqué avant de préciser la démarche du gouvernement en la matière : “Notre objectif stratégique est de casser l'ancien système basé sur une économie socialiste pour aller vers une économie de marché.” Comment ? “Cela requiert cinq grandes réformes”, dira Temmar. La première de ces réformes concerne le foncier. “Nous sommes en train de travailler pour créer un marché transparent du foncier”, note-t-il. Sollicité en marge de la rencontre pour plus de précisions sur les mesures prises pour faciliter l'acquisition du foncier destiné à l'investissement, le ministre s'est contenté de dire : “Nous sommes en train de faire un travail dans ce sens, mais je ne peux pas vous le dévoiler pour le moment !” Dans le même ordre d'idées, il notera qu'en matière d'investissement, le problème ne se situe nullement dans la promotion de l'investissement. “C'est un problème de réforme de système pour qu'il soit attractif aux investisseurs, étant entendu que nous avons un régime d'exception pour l'investissement”, dit-il. Le marché financier constitue la deuxième des grandes réformes, aux yeux de l'hôte du FLN. Le diagnostic du ministre est sans appel.“Nous n'avons pas de marché financier en Algérie, et nous ne disposons d'aucune expertise en matière de marché des capitaux”, regrette-t-il. “C'est pour cela, dit-il, que nous allons faire appel aux compétences internationales en la matière.” Temmar annoncera à ce propos la mise en place d'un système de paiement très sophistiqué dès avril prochain. L'autre grande réforme concerne le marché lui-même. “Le marché ira toujours vers le monopole”, affirme-t-il tout en indiquant que “le rôle de l'Etat est d'aller vers une transparence du marché en réglant le problème de l'informel”. Expliquant que le secteur de l'informel en Algérie se trouve “à l'intérieur du secteur formel à raison de 80%”, le ministre recommande de mener de pair l'ensemble des réformes économiques pour voir l'informel se dissiper : “Sinon si l'on s'attaque à l'informel seul, c'est tout le système formel qui va s'écrouler.” Abordant la problématique de la privatisation en quatrième lieu, Temmar fera remarquer d'entrée qu'elle “ne constitue qu'une réforme parmi tant d'autres”. Le ministre estimera à ce propos que les privatisations ont progressé ces derniers temps. Preuve en est qu'“il y a eu la privatisation de 105 entreprises durant les six derniers mois, depuis le mois de juin dernier”, argue-t-il. Dans ce cadre, le ministre dévoile disposer “d'une armée d'experts et d'assistants internationaux au niveau du ministère pour contrôler la conformité des privatisations”. Aussi, et même s'il souhaite voir les privatisations s'accélérer, le membre du gouvernement reconnaîtra qu'il s'agit d'une démarche qui prendra “dix à quinze ans”, précisant que la priorité du gouvernement est “la stabilité politique et la cohésion sociale”. L'autre grande réforme concerne le secteur privé. Notant que le secteur privé “est marginal”, le ministre recommandera sa réforme en ce sens “qu'il faut qu'il intègre en son sein les technologies avancées”. Par ailleurs, ces cinq grandes réformes devront être soutenues par “la réforme de l'administration économique, la mise en place des infrastructures et l'investissement dans les ressources humaines insuffisantes en cadres spécialisés”, souligne-t-il. Le ministre s'est par ailleurs voulu optimiste quant à l'avenir des réformes en Algérie : “Nous allons investir 100 milliards de dollars en sept ans, dont 34 milliards ont déjà été consommés, en plus des 60 milliards prévus dans le plan de relance ; notre défi sera de réaliser un taux de croissance de 7% dans les cinq ans à venir”, dit-il. NADIA MELLAL