« Les choses avancent bien, mais notre société est juste impatiente », tel est le constat fait hier par le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, lors d'un exposé de la stratégie économique du gouvernement, à l'Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP) à Alger. Pour le ministre, « le gouvernement fait son travail » et l'échec incombe à la société : « Quand je lis la presse ou les rapports d'experts, on a l'impression que le gouvernement n'a pas de stratégie, pourtant, nous avons une approche bien organisée, très bien conçue mais, précise-t-il, la mise en œuvre incombe à tous les acteurs : entreprises, syndicats et associations. » « Le gouvernement a pris ses responsabilités, aux autres de prendre les leurs », a-t-il asséné. Contrarié lors des débats par des questions qui contrastent avec le cours pédant qu'il a prodigué aux étudiants de l'ISGP, M. Temmar a indiqué que le changement du système économique nécessite beaucoup de temps, non sans désigner l'administration économique comme frein à la mise en œuvre rapide des réformes engagées tous azimuts. Des réformes, a-t-il indiqué, qui ont été basées de 1999 à 2004 sur la stabilisation de l'économie et de la société, et ce, à travers un traitement politique de la question sécuritaire (concorde civile) et l'organisation d'élections pour la stabilité sociale et le lancement du PRSE, une politique de maîtrise des changes et la réduction des services de la dette sur le plan économique. A partir de 2005, Abdelhamid Temmar a indiqué que le gouvernement s'est attelé à engager le processus des privatisations et la consolidation de la croissance. Et d'affirmer que désormais, le gouvernement est passé à des stratégies sectorielles touchant les secteurs de l'industrie, du tourisme, de l'agriculture, de la pêche et autres. Et de plaider pour l'accélération de la cadence des réformes qui, de son avis, « doivent être engagées toutes et en même temps ». « On ne m'a rien enlevé » Ayant fait des privatisations son cheval de bataille, M. Temmar ne considère nullement avoir été dépouillé de ses prérogatives suite à la décision de mettre les privatisations sous tutelle de chaque ministère concerné. Et d'expliquer : « Les SGP n'ont pas été retirées à mon ministère. Les SGP sont des sociétés par actions, et dans toute société par actions, publique ou privée, l'organe essentiel de base est l'assemblée générale. L'ordonnance 01/04 qui a créé le système actuel ne dit pas qui doit présider ces assemblées. Mais par habitude, une bonne partie de ces assemblées étaient présidées par le ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements. Nous avons décidé, pour être plus efficaces, que dorénavant les assemblées générales seront présidées par le ministre sectoriel concerné. » Et d'ajouter : « Moi-même je suis à double titre, je participe à titre sectoriel puisque plus de 70% des entreprises concernées sont industrielles, et je participe en tant que ministre de la Promotion des investissements à toutes les assemblées générales de tous les secteurs. » Et de conclure : « On ne m'a rien enlevé, mais on a simplement décidé que dans les assemblées générales, il y aura le ministre sectoriel, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements et celui des Finances. » Abordant le secteur bancaire dont Temmar trouve exagérée la part du secteur public évaluée à 90%, il plaidera pour une ouverture plus rapide du système bancaire algérien. Pour le CPA, « C'est juste une halte » A ce titre, il a affirmé que le processus de privatisation de la BDL à hauteur de 30% est en phase de discussion pour le choix du bureau d'études qui va accompagner le gouvernement dans le processus de privatisation. Une privatisation engagée alors que celle entamée depuis belle lurette pour la reprise du CPA traîne en longueur. Pour le CPA, dira M. Temmar, « c'est juste une halte à cause de la situation financière internationale. Nous n'avons pas encore d'échéance de reprise, nous sommes en train d'évaluer les répercussions puisque les Etats-Unis sont entrés en dépression, donc nous tenons à prendre nos dispositions comme il le faut ».