Le rideau est tombé mercredi dernier sur la première édition des Journées théâtrales de la ville d'Alger, tenues du 13 au 15 février au complexe culturel Laadi-Flici (théâtre de verdure), sous le thème : “Théâtre, cité et citoyenneté”. Dans sa communication Ahmed Cheniki, maître de conférences à l'université de Annaba et modérateur de la rencontre, a abordé la question relative à la notion de la citoyenneté et sa relation avec le théâtral dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Remontant l'histoire du théâtre, l'orateur a rappelé à cet effet les conditions d'émergence du théâtre européen dans les pays arabes. Une évolution qui s'est effectuée sous différentes formes, car il y a lieu de souligner que ce théâtre n'a pas évolué de la même façon au Maghreb et au Moyen-Orient. “La Syrie et l'Egypte ont fait le choix de reproduire le modèle du théâtre européen au sein de leur société, alors que dans les pays du Maghreb tels que l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, la pratique théâtrale a été introduite par la colonisation. Le théâtre est un art apporté par la colonisation.” L'universitaire présentera, également, un aperçu historique sur l'évolution du mouvement théâtral dans les pays arabes, entre les années 1960 et 1970, une période qui a vu l'émergence d'un théâtre militant. Un théâtre créer dans la difficulté et la contrainte pour les hommes de théâtre, qui étaient confrontés à de grandes difficultés pour aborder les faits sociaux et ce, en raison des rapports conflictuels avec les régimes en place. “Les hommes de théâtre avaient beaucoup de contraintes pour aborder des thèmes comme la corruption et la mauvaise gestion des affaires publiques. Ce qui a donné lieu à la pratique de la censure directe et de l'autocensure quand la pression n'est pas directe.” De son côté, Mohamed Lakhdar Maougal présentera une communication sur l'expérience théâtrale chez Mouloud Mammeri. Sous l'intitulé “Le théâtre de Mouloud Mammeri, de la revendication identitaire à la revendication citoyenne-1973-1989”, l'universitaire précisera que l'auteur de La colline oubliée est plus connu pour son œuvre romanesque que théâtrale. Une œuvre très en rapport avec les confrontations entre les projets citoyens et identitaires. À ce titre, l'orateur évoquera la trilogie théâtrale Le Banquet (1973), Le Foehn (1982) et La cité du soleil (1987). Maougal évoquera le rapport de l'écriture à la question de la citoyenneté, il rappellera à ce propos l'expérience de Mammeri, de Kateb Yacine et d'Albert Camus. En conclusion, le directeur de l'établissement Arts et Culture, Redouane Mohamedi, a tenu à souligner sa satisfaction quant au bon déroulement des journées, qui ont vu la participation de plusieurs dramaturges, universitaires et hommes de théâtre. Des journées qui ont permis de développer une réflexion sur le théâtre et sa pratique en Algérie mais aussi en France, grâce à la participation des hommes de théâtre de l'Hexagone. “La thématique de cette rencontre a été décidée grâce au travail de proximité que nous avons entamé. Cette rencontre sera suivie d'une série de rencontres”, notamment “Le rôle de la femme dans la vie culturelle”, précise Mohammedi. Les interventions ont été suivies par un débat qui a permis à l'assistance de faire un récapitulatif des rencontres mais aussi d'évoquer leurs expériences individuelles. W. L.