Résumé : La bohème discute avec Ali qu'elle commence à découvrir. Il est très doux et s'occupe d'elle avant de lui dévoiler qu'il était marié et père de plusieurs enfants Houria s'en alla et Ali fait bouillir le lait avant de lui servir une grande tasse de café au lait. - Tu dois avoir bien faim avec ce froid. La bohème prend la tasse et boit à petites gorgées. - J'ai été marié autrefois, poursuit l'homme, je sais qu'une femme enceinte doit prendre des forces pour elle et le bébé. - Tu es marié ? Mais où sont donc ta femme et tes enfants ? - Mes femmes, la corrige Ali. J'en ai trois, elles sont toutes au bled. La bohème écarquille les yeux. - Trois femmes, et tu les as abandonnées ? - Non, disons que je les ai quittées pour venir travailler dans le Nord. Dans notre tribu l'homme doit avoir plusieurs femmes, c'est la coutume. - Et tu as combien d'enfants ? - 12 enfants, toutes des filles, une honte pour moi. - Pourquoi dis-tu cela ? - Parce que je vais mourir sans descendance mâle. Le pire qui pourrait arriver à un homme chez nous. - Et tu as abandonné tes filles ? - Bof, de temps à autre je leur rends visite chez mes parents. Elles ont entre 6 et 18 ans, une véritable tribu de femelles, tu comprends ? - Et les mamans ? - Chacune chez ses parents. - Ah, tu les a donc répudiées ? - Non, elles sont parties d'elles-mêmes. Et c'est mieux ainsi. Chez nous en réalité ce sont les femmes qui répudient les hommes. - Donc tu as été répudié ? Ali la regarde un moment, puis hoche la tête. - Oui, j'ai été répudié. La bohème éclate de rire. - C'est drôle, cela ne se passe pas ainsi dans la société du Nord. - Je sais, mais cela m'arrange, ainsi je pourrais me remarier et peut-être aurais-je enfin un garçon. - Quelle tenacité ! - J'y tiens vraiment. Houria revient. Elle avait encore le visage luisant et un turban sur la tête, mais s'était habillée d'une gandoura aux manches longues, ce qui la faisait paraître encore plus grosse. - Ah, je vois que vous avez fini par vous entendre. Ali est très gentil, dit-elle à l'adresse de la bohème, il m'aide beaucoup. Y. H. (À suivre)