Résumé : La femme entame un récit invraisemblable. Elle était fille unique d'une famille connue qui avait perdu tout ses biens. Une fois ses parents morts, ses frères l'avaient marié de force. 25iéme partie Je fus donc mariée sans tambour ni fanfare à cet homme qui pouvait être mon grand-père. Je quittais la ferme, et notre maison, pour me retrouver dans un village non loin d'ici, que la misère avait isolé à souhait. J'étais trop jeune et naïve pour faire face à ce qui m'attendait auprès d'un mari que je n'avais ni choisi ni aimé, et qui était déjà marié et avait même des brus. Nous vivions sous le même toit, moi et ses deux premières femmes, ainsi que ses six fils, tous mariés avec leurs femmes et une douzaine de petits-enfants. Bien sûr, je devenais à titre officiel la rivale, et le souffre-douleur des femmes de la maison. Je trimais du matin au soir sans répit. J'étais chargée des grosses et sales besognes. Les deux autres épouses de mon mari, me battaient et m'ordonnaient de me taire et de faire ce qu'elles demandaient. J'étais l'intruse, et l'indésirable, et je devais payer. Gare à moi si je me plaignais à mon mari. Ce dernier m'a fait savoir dès le premier soir, que je n'avais qu'à suivre les directives de ses épouses. Lui-même ne ratait aucune occasion pour m'humilier et me battre afin de me prouver qu'il était le premier homme de la maison. Celui à qui on devait obéir au geste et à l'œil. Je ne pouvais prétendre au repos que quand la nuit était bien avancée. Mais à peine parvenais-je à fermer mes yeux, que l'aube commençait à poindre, et la maison se réveille. Je me levais alors pour allumer le feu, préparer les galettes et le petit déjeuner. La famille au grand complet vient me rejoindre, et je dois être à l'écoute de tous sans rechigner. Les uns aimaient le couscous avec du lait, les autres, un morceau de galette chaude, et les hommes, des figues, de l'huile d'olive et du café noir. Quand tout ce monde se lève pour partir aux champs, je demeurais avec les femmes. Ces dernières s'accaparaient des restes, puis s'en allaient vaquer à leurs occupations. À moi de faire la vaisselle, et de remettre de l'ordre avant d'aller nettoyer les écuries, balayer la grande cours, laver les ballots de linge sales, et de revenir pour nettoyer la grande salle, et préparer le déjeuner. Ouardia la première femme de mon mari était obèse et mangeait comme quatre. Elle avait faim à longueur de journée, et je devais tout le temps avoir quelque chose à porter de main pour elle. Sinon je recevais la raclée et j'étais punie pour le reste de la journée. Ce qui veut dire, un surplus de travail et rien à me mettre sous la dent. J'espérais tant la venue de mes frères pour leur raconter mes malheurs et les supplier de rentrer avec eux chez-nous. Hélas! Ces derniers s'étaient bel et bien débarrassés de moi. Aucune nouvelle ne me parvenait d'eux. J'allais jusqu'à demandais à quelques femmes errantes, moyennant un morceau de galette, des nouvelles de Kamel et Ali. Un jour l'une d'elles confirma mes soupçons : Mes frères avaient vendu nos biens et étaient partis ailleurs. On n'avait plus aucune nouvelle d'eux depuis des mois. Y. H.