Des milliers d'oiseaux migrateurs remonteront de l'Afrique et traverseront l'Algérie pour aller en Europe. En sa qualité de sous-directrice de la chasse et des activités cynégétiques à la direction générale des forêts, Mme Boussekine est partie prenante d'une cellule de veille et de vigilance nationale. Dans cet entretien, elle retrace les mesures de prévention appliquées dans les zones humides où les volatiles en voyage transiteront. Liberté : Un dispositif de prévention de la grippe aviaire est mis en place dans les zones humides par où transitent les oiseaux migrateurs. En quoi consiste-t-il ? Mme Boussekine : Il y a une cellule de veille et de surveillance qui se trouve au niveau du ministère de l'Agriculture. En sa qualité d'institution de gestion des zones humides et des parcs, la direction générale des forêts a mis en place son propre dispositif. L'ensemble des conservateurs et des vétérinaires dans chaque région est en état de vigilance. Nous avons mis à leur disposition tous les moyens nécessaires, dont les combinaisons de prélèvement. Sur les sites pourtant, le personnel se plaint du manque de moyens dont les combinaisons de camouflage et les fusils lance-filets pour la capture des oiseaux migrateurs. Nous les avons équipés et nous allons renforcer cette dotation. Nous avons commandé du matériel supplémentaire qui doit arriver le premier mars. Comment se traduit la surveillance des zones humides ? La surveillance est quotidienne et cible tous les sites, dont 526 zones humides réparties à travers le pays. Elle incombe à des équipes opérationnelles constituées de 6 à 10 éléments. Environ 400 sont engagées dans cette opération. Il est entendu qu'il y a des zones plus sensibles que d'autres et requièrent, de ce fait, une attention plus accrue. Ces sites, comme la zone humide d'El Kala, sont ciblés par des flux d'oiseaux migrateurs très importants. Des prélèvements sont faits à raison de deux à trois fois par semaine et sont acheminés vers des laboratoires pour analyse. Il y a trois laboratoires, à l'est, au centre et à l'ouest du pays. Ils dépendent du ministère de l'Agriculture et ils sont équipés de façon à déceler le virus H5N1. Jusqu'à maintenant, aucun cas positif de contamination n'est détecté. Une échelle d'alerte de un à quatre est mise en place par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'Algérie est à quel niveau ? Cette échelle est uniquement valable dans les pays où le virus a fait son apparition. Des mesures sont alors prises pour l'endiguer comme l'abattage des volatiles. On ne peut pas parler d'alerte mais la vigilance est de mise. Nous devons être attentifs à tout ce qui se passe. Les équipes de prévention ont été sensibilisées. Je pense que nous sommes en mesure de faire front à toutes les situations. Quand le dispositif de prévention a-t-il été mis en place ? Il a été mis en place en automne, dès qu'il y a eu les premiers cas de grippe aviaire en Chine. Avant l'arrivée des oiseaux migrateurs, nous étions déjà en alerte. A-t-il été renforcé depuis l'arrivée de la maladie en Europe, notamment en France ? Bien sûr. Cela s'est traduit par le confinement des oiseaux dans les zones humides. Mais, il n'est pas possible de confiner tous les volatiles, les nicheurs par exemple. Au lac de Réghaïa des oiseaux se baignent librement. Ceux-là sont des oiseaux migrateurs et nous ne pouvons rien faire pour eux, sauf effectuer des prélèvements et accentuer leur surveillance. Outre le confinement, la vaccination des oiseaux est une mesure appliquée par de nombreux pays. L'Algérie s'y soumet-elle ? Tant que nous n'avons pas de cas de grippe aviaire, la vaccination est exclue. Combien d'oiseaux migrateurs transitent par l'Algérie ? 240 000 oiseaux par l'Algérie, surtout à l'est et à l'ouest du pays. Il y a deux couloirs, Gibraltar et le canal de Suez. La remontée des colonies est attendue pour la mi-mars et début avril mais nous constatons déjà des arrivées. Nous sommes actuellement à l'étape préventive, mais si la maladie venait à se manifester, quelles seraient les mesures à arrêter ? Le ministère de l'Agriculture a envisagé toutes les possibilités, dont la vaccination des oiseaux. Les vaccins sont-ils disponibles ? La vaccination n'est nécessaire qu'en présence de cas. Je pense qu'il n'y aura aucun problème. L'Algérie peut avoir les traitements qu'elle veut. Je pense que le ministère de la Santé a mis en place tout ce qu'il faut. S. L.