Washington ne veut toujours pas d'un Conseil des droits de l'homme à l'ONU. C'est ce que vient de déplorer le président de l'Assemblée générale de l'Organisation, le Suédois Eliasson, qui a tout de même indiqué être assez optimiste, comptant sur la solidarité des membres favorables à une véritable démocratisation du “grand machin”. Pourtant, Eliasson a présenté un projet, selon lui, comme “le meilleur compromis possible” après plusieurs mois de négociations sous son égide. Washington, qui ne veut pas de cette mouture, souhaite la réouverture des négociations sur ce Conseil considéré par l'administration Bush comme un organe susceptible d'épingler les Etats-Unis sur la question des droits de l'homme. Plusieurs pays parmi les 191 membres de l'ONU partagent le point de vue du diplomate suédois pour qui, obéir aux exigences de Bush, cela conduirait à l'introduction de nouveaux amendements et créerait une situation de négociation très difficile. Eliasson n'a pas caché son inquiétude en cas de renégociation du texte. Le nouveau compromis, tel que souhaité par Washington, produirait “très probablement un résultat qui serait bien inférieur à ce que nous avons pu obtenir”, a-t-il insisté. Le futur Conseil des droits de l'homme est destiné à remplacer à Genève l'actuelle Commission, très discréditée, notamment parce que ses règles de fonctionnement permettent à des violateurs notoires de droits de l'homme d'y siéger. Le principe en a été approuvé par les dirigeants mondiaux lors du sommet de New York en septembre 2005. Les Etats-Unis l'ont vivement critiqué et veulent en revoir les modalités, faute de quoi, Bush menace de voter contre. En revanche, le secrétaire général de l'ONU, la Haute commissaire aux droits de l'homme, Louise Arbour, un collectif de prix Nobel de la Paix et plusieurs grandes ONG ont appelé à son adoption, en estimant que c'est le meilleur compromis possible. La question de ce Conseil découle de l'enjeu même de l'ONU, dont le processus de sa réforme est à l'examen. Aux yeux des réformateurs, la composante du Conseil des droits de l'homme est stratégique, étant donné que cet organe constituera l'âme de l'ONU. Washington souhaite un organe plus restreint dont les membres seraient élus à la majorité des deux tiers. D. B.