Week-end exceptionnellement riche et varié que celui écoulé : mercredi, El Djazaïria el Mawsilia à Ibn Khaldoun, jeudi, l'Orchestre symphonique national à l'auditorium de la Radio nationale et vendredi Essendoussia au Mouggar. Les mélomanes se sont enivrés, trois soirs de suite, en buvant jusqu'à plus soif, le calice jusqu'à la lie. Mercredi soir, El Djazaïria el Mawsilia a somptueusement fêté ses 76 printemps devant une salle comble et un public mélomane averti. Chréba béta au grand complet, familles au complet également, de l'aïeule au bébé. La première classe est installée par son professeur : Sabéha Benmerabet. Vêtues de toilettes traditionnelles, voilà-t-il pas que ses poussins se mettent — avec le plus grand sérieux — à pousser la chansonnette chacun et chacune jouant, qui de sa kouibra, qui de sa s'nitra et à interpréter, oui Monsieur ! trois insisafate Moual, Qoum tara, Mata nastarihou et Zarni el habib ! Ya'omri ‘ala dhouk etchétchouène ! Petites graines de star qui demain, deviendront grandes et assureront, sans doute aucun, la relève tant espérée. S'ensuit, sous la direction de Mohamed Bendiba, la prestation assurée par la classe moyenne, avec, au programme, Zidane, Mezmoum et Haouzi. Les solistes furent Imène Bouguerra, Hassan et Chahinez Bahri, et Mahdi Aliouane. L'entr'acte permet à Halim Guerni d'exécuter une prestation magistrale. Halim, c'est le zornadji, qui, tout au long de l'année, accompagne chaque ‘aroussa khardja man dar babaha ! Puis, Halim cède la scène à Nasr Eddine Benmerabet dirigeant la classe supérieure, séniors à l'avant, juniors à l'arrière. Noubète Sika au programme, avec un prélude réglé (c'est le cas de le dire) sur du papier musique. Ouverture avec un tchambar Sika, suivi d'un m'ssedar Sika : ya nass ma ta'dhirouni, puis alternances de Istikhbarate vocaux (Nasr Eddine) et musicaux : Krimo (‘oud) Kamel (guitare) Sid Ahmed (violon), Halim (ney). La perfection faite Sika. La nouba se déroule ensuite selon les règles établies par le grand Zyriab : Btaïhi Sika : Hafida Deramchi : Rite el banafsedj, un dardj Sika, Soltane errabie (chorale), suivis de deux insirafate interprétées par Sabéha Benmerabet et Karima Larinouna entrecoupés d'une dlidla (chorale). En finale, comme leur nom l'indique, les khlass : Ya man dara, Ezzahar et un florilère sur le mode ‘Aroubi, interprétés par Nasr Eddine et Hafida : Qoum tara, ‘Achiatoune, Dir el ‘okar, Mahla echarab sidi, Bellagh slami lel Djazaïr… Sakina, à ma gauche, sœur de Assia Djebbar, sous le charme, a savouré religieusement le déroulement de la nouba. Adresse, professionnalisme et virtuosité demeurent l'empreinte de l'association qui a dû mettre la clé sous le paillasson durant la décennie noire ; depuis quelques années, la reprise est effective et les classes reprennent, animées par les maîtres d'aujourd'hui : Nasr Eddine et Sabiha, dans le sillage de feu Sid Ali Benmerabet. Bravo ! la relève est assurée ! N. S.