Le Premier ministre irakien issue des législatives, le chiite Ibrahim al Jaâfari, ne fait pas l'unanimité. Après les sunnites, c'est au tour du président irakien Djalal Talabani, un Kurde, de clouer au pilori l'élu des chiites. Talabani n'a pas pris des gants pour dire que la reconduction de Djaâfari pour un second mandat constituait un obstacle à la formation d'un gouvernement d'union nationale. En effet, le chiite n'est toujours pas parvenu à former son cabinet et, dans le même temps, l'horreur a atteint son comble dans le pays avec “la guerre des mosquées” entre chiites et sunnites et dont le développement conduit droit à la guerre civile. Talabani, inquiet de la descente aux enfers dans son pays et face au refus des diverses milices à déposer les armes pour se joindre au processus politique, a annoncé son intention de régler le sort de Al Jaâfari au sein du nouveau Parlement, qui sera convoqué par décret présidentiel pour le 12 mars. Il n'y a pas que les sunnites et les Kurdes à faire ce constat. Des partenaires éventuels de la coalition chiite au pouvoir, l'Alliance irakienne unifiée (chiite), font pression sur elle pour obtenir le remplacement du Premier ministre, accusé de n'avoir pas su endiguer la vague de violences interconfessionnelles qui, à leurs yeux, remet en cause les acquis engrangés par leur propre communauté chiite. Al Jaâfari se défend en imputant son immobilisme à la situation de guerre interconfessionnelle. Washington, qui ne sait plus quoi faire, voit se dissiper ses efforts pour passer, au plus tôt, le relais à un gouvernement d'union regroupant les chiites, les sunnites et les Kurdes, dans lequel Bush voit sa meilleure chance de stabiliser l'Irak et d'y réduire ses effectifs militaires. Al Jaâfari, qui a présidé la mise en place de la feuille de route de l'Irak post-Saddam dans l'ancien gouvernement intérimaire, devrait ainsi repasser son examen devant le Parlement où l'Alliance unifiée des chiites l'avait désigné pour un second mandat. Talabani a même poussé le bouchon en dévoilant que le Premier ministre n'a pas encore été adoubé par les députés ! L'Alliance est le premier groupe parlementaire, mais son choix doit être ratifié à la majorité des deux tiers, a-t-il dit. Talabani a également réitéré son appel au dépôt des armes par les milices et à leur ralliement au processus politique. D. Bouatta