Le mouvement islamiste palestinien Hamas a terminé sa visite à Moscou en renvoyant la balle dans le camp des Israéliens pour toute relance du processus de paix, tandis que Mahmoud Abbas entame un périple en Europe pour essayer de sauver son pays de la banqueroute financière dont le menacent ses donateurs occidentaux. Malgré de multiples pressions, Hamas ne s'est pas plié aux exigences du quartette (Etats-Unis, Russie, UE, ONU), réaffirmées par Moscou, en particulier la reconnaissance du droit d'exister d'Israël. Les Israéliens doivent d'abord reconnaître les droits des Palestiniens et un Etat palestinien complètement indépendant, rétorquent le leader de Hamas, qui admet la nécessité pour sa formation de changer maintenant qu'elle est appelée à exercer le pouvoir, exigeant des changements de la part également des Israéliens. Pour lui, le respect des accords d'Oslo (1993) passe par le retrait de tous les territoires occupés depuis 1967, la libération de tous les prisonniers et le retour des réfugiés. Alors que Haniyeh, chef de file des députés Hamas, peine à former son équipe, qu'il souhaitait d'union nationale, le numéro deux d'Al Qaïda, Ayman Zawahiri a exhorté Hamas à poursuivre la lutte armée et à rejeter “les accords de capitulation”. Cet appel a été relayé par le président syrien Bachar al Assad, qui a appelé Hamas à ne pas céder tant que les droits des Palestiniens ne seraient pas rétablis. Aux yeux de Damas, la reconnaissance d'Israël “ne doit pas être gratuite, comme s'il s'agissait d'un cadeau aux Israéliens, pour satisfaire l'Occident”. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a fait part de son courroux contre Poutine dont le contact Hamas ne fera qu'encourager ce dernier à ne pas procéder aux changements demandés par la communauté internationale pour devenir un partenaire à un dialogue. Israël voit dans l'initiative de Poutine la volonté de la Russie de retrouver toute sa place dans le Proche et Moyen-Orient où son influence avait été éclipsée par l'effondrement de l'URSS. Le niet de Hamas a suscité des divisions au sein du parti centriste Kadima créé par Sharon et favori du scrutin du 28 mars. Alors que son numéro deux, Shimon Pérès soutient la poursuite des négociations avec les Palestiniens, pour fixer les frontières entre les deux pays, et que d'autres “colombes” préfèrent attendre que le paysage politique s'éclaircisse chez les Palestiniens, les durs, eux, rejoignent carrément la droite du Likoud et ses alliés, les ultra-nationalistes et les ultra-religieux, pour lesquels, après l'écrasante victoire de Hamas, il faudrait s'attendre à un bouleversement de l'échiquier moyen-oriental, qui devrait, selon eux, succomber à l'extrémisme. D. Bouatta