La situation s'est détériorée entre le Hamas et le Fatah après les affrontements qui ont fait hier trois morts à Ghaza. La tension qui minait les rapports entre les deux mouvements palestiniens, le Hamas et le Fatah, a abouti hier à une violente confrontation armée qui s'est soldée par la mort de trois Palestiniens et des blessures pour onze autres personnes. Cette tension s'est encore durcie en début de semaine après l'échec des entretiens entre le président Abbas et le Premier ministre du Hamas, Ismail Haniyeh, dans la recherche d'une solution aux crises politique et financière qui menacent d'effondrement l'Autorité palestinienne, tant du fait des désaccords politiques persistants entre M.Abbas et la direction du Hamas, que du fait du boycott international du mouvement islamiste avec pour conséquence le gel de l'aide internationale aux Palestiniens. Regrettant que le sang ait coulé entre Palestiniens, M.Haniyeh a appelé hier à la «retenue» afin de «préserver le sang des Palestiniens» et d'insister: «J'appelle les frères au Hamas et au Fatah à faire preuve de responsabilité pour mettre fin à ces incidents qui nous ont peinés. Je vais suivre cette affaire avec le président Abou Mazen (M.Abbas) pour éviter une zizanie» a-t-il encore dit. Selon les services de sécurité de Ghaza, les affrontements «ont cessé» mais, soulignent-ils, «la situation est très tendue» Hier, le mouvement islamiste a rejeté la responsabilité des heurts sur le Fatah. «Le problème, a affirmé le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, a commencé au début de la nuit de dimanche à lundi, quand un groupe de la sécurité préventive a kidnappé trois membres d'Ezzedine Al-Qassam» (la branche armée du Hamas) Abou Zouhri indique par ailleurs, «Nous avons essayé de mettre fin aux affrontements en entrant en contact avec des responsables du Fatah, mais il n'y a pas eu de réponse positive de leur part». Cela ne semble pas, cependant, aussi simple, d'autant plus que la situation s'est compliquée au lendemain de la victoire du Hamas aux élections législatives du 25 janvier induisant une nouvelle donne tant au plan interne qu'à celui international avec le résultat immédiat qu'a été le gel de l'aide internationale à l'Autorité palestinienne asphyxiant cette dernière et la mettant au bord de la banqueroute. Aussi, les affrontements d'hier étaient plus ou moins prévisibles, notamment après les déclarations du chef du Hamas à l'encontre d'Abou Mazen. De fait la tension couvait depuis le 22 avril suite aux déclarations incendiaires du chef du bureau du Hamas, Khaled Mechaal, contre le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas accusé par le leader du mouvement islamiste de collusion avec Israël, après le rejet par Abou Mazen des décisions, notamment sécuritaires, prises par le cabinet de Ismail Haniyeh. De Damas où il réside, Khaled Mechaal, qui avait très mal pris le rejet par Mahmoud Abbas des décisions sécuritaires prises par le gouvernement islamiste, a accusé M.Abbas de «comploter» contre le gouvernement du Hamas pour obtenir sa chute. Certes, dès le lendemain, le 23 avril, Khaled Mechaal a atténué son propos affirmant avoir été mal compris, mais le doute s'est installé entre les deux frères ennemis palestiniens. Depuis, la situation n'a cessé de s'envenimer aggravée par la tentative d'assassinat qui aurait été fomentée (par le Hamas) contre le président Abbas, selon les accusations du Fatah. Accusations graves qui n'ont pas été sans détériorer un climat déjà suffisamment tendu. Mais, le Hamas a immédiatement démenti ces allégations de tentative d'assassinat d'Abou Mazen. A ce propos, le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri affirme: «Cette information (la tentative d'assassinat) est inventée et représente un complot britannique pour semer la division». De fait, le porte-parole de M.Abbas, Nabil Abou Roudeina, a, de son côté, affirmé que cette information était «totalement fausse». Toutefois, selon le quotidien londonien de dimanche, The Sunday Times -qui cite des sources anonymes proches des services secrets israéliens- la branche militaire du Hamas, les Brigades Ezzedine Al-Qassam, aurait voulu tuer M.Abbas, ainsi que le député du Fatah Mohamed Dahlane, à leur bureau de Ghaza. Pour M.Abou Zouhri, ce n'est là qu'une tentative, une autre, de diviser les Palestiniens, indiquant: «Non content d'affamer le peuple palestinien, le gouvernement britannique veut maintenant fomenter la division» affirmant par ailleurs que le Hamas entendait «protéger l'intérêt national». Le fait est que la division et, plus grave, les affrontements sanglants -comme ceux d'hier- font le jeu d'Israël -qui compte tranquillement les points, les Palestiniens faisant à la place de l'armée d'occupation le ménage- et de tous les ennemis des Palestiniens qui les estiment incapables de stabilité et de construire leur Etat. Toutefois, les tergiversations de la «communauté internationale» à faire appliquer par Israël le plan de paix dit de la «Feuille de route», les accords tacites donnés par Washington et l'Union européenne au plan de dépècement des territoires palestiniens -par des retraits unilatéraux sans négociation avec les Palestiniens- commencé par Sharon et poursuivi par son successeur Olmert ne sont pas des gages pour une paix prochaine mais indiquent l'aggravation de l'impasse où se trouve le processus de paix au Proche-Orient.