Les propos du chef de l'Etat se veulent une mise au point destinée, en priorité, aux islamistes qui cherchent à détourner le sens de la charte, en revendiquant le droit de revenir sur la scène politique. La journée internationale de la femme a été une opportunité au président de la République pour apporter des clarifications sur une multitude de questions d'actualité nationale. Dans un discours prononcé hier à l'hôtel El-Aurassi, le chef de l'Etat s'est montré ferme à l'égard des terroristes bénéficiant des mesures de la charte : “L'Etat est aujourd'hui déterminé plus que jamais à réduire par la force de la loi tous ceux qui continueront à s'attaquer à leur peuple et à leur pays”, met-il en garde. La charte pour la paix et la réconciliation nationale, qui constitue “un choix stratégique national” pour Bouteflika, est une entreprise dont la mise en œuvre s'inscrit dans la durée. “personne ne doit douter que cette œuvre est une œuvre de longue haleine, car la tragédie nationale a laissé des blessures profondes dans la chair et dans la conscience de chaque algérien”, souligne-t-il. Aussi l'implication des citoyens dans la mise en œuvre de la charte est-elle revendiquée par son concepteur : “certes, les institutions de l'Etat ont une importante mission à assumer, et elles le feront pleinement pour panser les blessures, bannir toute exclusion et pour préserver l'Algérie de toute atteinte et de toute nouvelle dérive, mais il est certain que les citoyens détiennent eux-mêmes l'essentiel des solutions attendues, et tout particulièrement les femmes algériennes qui, dans la tragédie nationale, ont versé le plus lourd tribut à travers la perte d'êtres chers et à travers les larmes qu'elles ont versées”, explique-t-il. Interpellant particulièrement les femmes, le président leur demande “d'entourer tous les orphelins de la tragédie nationale de leur affection et de les élever dans les valeurs de notre foi, dans la culture du pardon”. Tout comme il interpellera les femmes dans leur rôle d'“éducatrices” compte tenu de l'explosion des maux sociaux. Evoquant le problème des écoles privées, le président pose la question. “Quelle est la raison de la fermeture de certaines écoles privées ?” a commencé par interroger le président avant d'y répondre : “c'est le non-respect de la loi !” “J'avertis, dit-il, que la loi sera appliquée fermement et dans toute sa rigueur sur ceux qui voudront violer la loi par rapport à ce dossier !” arguant qu'un “Etat de droit requiert le respect des lois”. Se voulant précis, Bouteflika indiquera : “nous avons donné suffisamment de temps aux gens pour régulariser leur situation avec les autorités, mais leur négligence nous pousse à douter de leurs intentions !” Le président fera à ce propos une confidence à l'assistance : “il est inutile que je dise que j'ai eu à intervenir personnellement dans ce dossier parce que je ne suis pas de ceux qui ferment une école !” avant de revenir à la charge pour menacer : “la loi sera appliquée dès les prochaines vacances d'été.” L'autre dossier, qui a suscité l'intérêt du président de la république, est celui des salaires. Mettant en relief la bonne santé financière du pays en consacrant un montant de plus de 100 milliards de dollars aux dépenses publiques d'investissement, l'orateur indiquera : “Nous réduirons notre dette avant le délai requis et nous étudierons les salaires dans le cadre de la tripartite.” L'étude des salaires se fera sur la base “de la croissance, l'inflation et la productivité”, précisera-t-il. “L'Etat ouvrira les discussions et prendra en ligne de compte ces paramètres en tenant compte de la solidarité nationale en direction des couches défavorisées”, dit-il avant de marteler : “Ce qui est possible est possible et ce qui n'est pas possible ne l'est pas !” La problématique, dira le président, est de savoir “s'il faut augmenter les salaires ou créer l'emploi ?” interrogera-t-il avant de répondre que “notre problème en tant qu'algériens est que nous voulons tout et tout de suite !” S'exprimant en outre sur le rôle positif de la colonisation, le chef de l'Etat a dénoncé ceux qui “préfèrent l'époque du colonialisme à l'indépendance”. Zerhouni : “Des dispositions particulières pour les chefs terroristes” “Les chefs terroristes sont concernés par les mesures de la charte”, a confirmé hier le ministre de l'intérieur, Nouredine Yazid Zerhouni à El-Aurassi. Toutefois, “ces chefs terroristes devront bénéficier de mesures particulières”, dira-t-il sans d'autres précisions. Il annoncera également l'installation dès hier de commissions de wilaya chargées d'appliquer la charte. Le ministre de l'intérieur démentira, par ailleurs, la réouverture des frontières entre l'Algérie et le Maroc. NADIA MELLAL