Le projet Dar El Insenia, qui devait être réalisé en 2000 pour recevoir et prendre en charge cette frange de la société, tarde à ouvrir ses portes. Pis, la mission initiale de la structure a été reléguée aux calendes grecques. Recevoir et protéger les femmes en détresse, avec, pour but final, leur insertion sociale et professionnelle, c'est la raison pour laquelle Dar el Insenia a été conçue, en 2000, sur un terrain d'assiette de 1 700 m2 cédé par la wilaya au niveau de la plaine de l'Ouest avec une subvention de 700 millions de centimes auxquels s'ajoutent 200 millions de centimes offerts par la commune. Depuis, grâce à des fonds de particuliers, cette infrastructure sociale, conçue par l'association Afad, qui a englouti à ce jour pas moins de 4 100 000.000 de centimes, n'est malheureusement pas encore prête à recevoir ses pensionnaires, les travaux n'étant pas encore achevés, toujours pour des raisons financières. Conçue sur trois niveaux, d'une capacité d'accueil de 74 personnes, comportant 26 salles, un centre d'orientation juridique, une garderie, une salle polyvalente, un restaurant, une infirmerie, Dar El Insenia avait surtout prévu des ateliers d'activité. Ces derniers devaient permettre, grâce à des dons d'associations étrangères offerts sous forme d'équipements (machines à coudre industrielles, matériel de coiffure, etc., selon le dossier détenu par la DAS) la formation des femmes en détresse en vue de leur réinsertion dans la société. Mais il semble, selon les informations recueillies, que cet important volet, qui était à l'origine de la création de cette infrastructure, est en passe de dévier de sa vocation. “Ce n'est pas Dar Errahma, nous n'allons pas ramasser les mendiantes dans la rue”, devait expliquer la présidente de l'association, que nous avons pu joindre par téléphone. Elle ajoute : “Dar El Insenia n'est pas un centre de transit.” Pour cette dernière, il n'est plus question de formation, mais uniquement d'accueil de personnes ciblées “pour une période ne dépassant pas deux mois, sauf exception, et de leur orientation par une équipe de juristes et de psychologues”, que l'association se promet de mettre à la disposition des pensionnaires. De plus, notre interlocutrice a parlé de location de magasins et d'une garderie “dans l'esprit de Dar El Insenia”. Pourtant, “ces femmes ont surtout besoin qu'on les aide à devenir autonomes économiquement pour sortir de la misère et échapper ainsi aux dangers de la rue”, devait souligner la directrice de la DAS. Ce revirement auquel a fait allusion dernièrement le wali que nous avons interrogé sur la question, lors de sa visite dans les centres relevant de l'action sociale, remet sur le tapis la situation des femmes traînant dans la rue faute d'un toit, et difficilement acceptées quand elles sont ramassées par la police, au centre SDF de Sidi Belaïd, dont ce n'est pas la vocation. Ces jeunes femmes à la rue, qui n'ont aucune perspective d'avenir, arrivent parfois à Sidi Belaïd à la fin d'une grossesse alors que cette structure n'est pas équipée pour ce genre de cas, selon les médecins du centre. Dar El Insenia, qui était le seul espoir pour ces jeunes malheureuses et le point de départ pour une nouvelle vie n'est, semble-t-il, qu'une chimère. Hafiza M.