L'Etat est alors interpellé au plus haut niveau pour remettre les pendules à l'heure afin d'éviter le remake de la tragédie nationale. L'Algérie de 2006 ne sera pas et ne doit pas être celle des années 90. Si l'Etat a gagné la guerre contre le terrorisme, a-t-il réellement vaincu l'intégrisme ? La question est d'une brûlante actualité aujourd'hui que des centaines de détenus islamistes sont libres grâce aux dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation. Si le projet de Bouteflika s'inscrit dans le sillage de la politique de concorde civile initiée en 1999, et par laquelle les éléments de l'ancien bras armé du parti dissous ont été graciés, il n'en reste pas moins que la problématique de l'extrémisme religieux se pose toujours avec acuité. Les islamistes élargis sont-ils en mesure de crier victoire ? Assurément non. Mais d'un autre côté, faut-il aussi que les pouvoirs publics signifient clairement, autrement dit par les actes, à ceux qui ont juré de mettre l'Algérie à feu et à sang que rien ne sera comme avant ? Dans le cas présent, force est de constater que les islamistes considèrent que l'élargissement des personnes impliquées dans le terrorisme est une sorte de reconnaissance du pouvoir de sa responsabilité dans la crise politique qui a ensanglanté le pays durant les années 1990. L'Etat est alors interpellé au plus haut niveau pour remettre les pendules à l'heure afin d'éviter le remake de la tragédie nationale. L'Algérie de 2006 ne sera pas et ne doit pas être celle des années 90. Ainsi, il apparaît clair que la solution ne devrait pas se limiter aux seules mesures strictement sécuritaires. S'il n'est pas non plus question de réhabiliter le parti dissous considéré dans la charte comme étant l'un des acteurs majeurs de la crise, il n'en reste pas moins qu'un gigantesque travail de proximité incombe aux autorités afin de s'attaquer à la montée de l'extrémisme religieux. La corruption, le chômage, la mal-vie, l'impunité et les passe-droits sont autant de paramètres d'exclusion qui sont vicieusement exploités par le courant islamiste afin d'élargir sa base. La fermeture des espaces d'expression a d'autant plus aggravé la faille qui existe entre le peuple et l'Etat qu'il serait aujourd'hui difficile à ce dernier de reprendre le contrôle de son propre terrain. S. T.