Certes, la pandémie, ni même la grippe aviaire ne sont pas encore à nos portes, mais toujours est-il que la menace semble être prise très au sérieux, d'autant que même la respectable Organisation mondiale de la santé (OMS) a invité les pays membres à se tenir mobilisés. Pour ne pas rester en marge des autres corporations médicales, la Société algérienne de pharmacie (SAP) a retenu le thème de la grippe aviaire pour ses XIIe journées scientifiques qui se tiennent depuis hier à l'hôtel El-Aurassi à Alger. Pour permettre justement aux pharmaciens de remplir le rôle qui est le leur dans le programme national de prévention et de prise en charge, la SAP a invité des sommités mondiales et nationales en matière de virologie, d'épidémiologie et de médecine vétérinaire. “Nous tenons surtout à transmettre les données actuelles aux pharmaciens pour leur permettre de remplir leur rôle en cas de nécessité. Pour cela, nous avons invité toutes les administrations et tous les organismes concernés, à savoir le ministère de la Santé, de l'Agriculture, les services des douanes, la Protection civile et les corps constitués”, déclare le Dr Benhamdine Farid, président de la Société algérienne de pharmacie. C'est ainsi que le Dr Brouri, sous-directeur des secours médicalisés à la Protection civile, a révélé le plan déjà mis en place par son organisme. Cette institution représente l'épine dorsale du plan national : se sont, en effet, les hommes de la Protection civile qui seront appelés à transporter les éventuels malades vers les établissements destinés à les prendre en charge. “En cas de pandémie, nous avons arrêté un plan axé non seulement sur le transfert des malades vers les structures de soins, mais aussi pour assurer des hospitalisations à domicile, car à ce moment-là, les walis décréteront le confinement des malades. Comme nous prévoyons la saturation des services hospitaliers en cas de pandémie, nous assurerons l'hospitalisation à domicile et ouvrirons d'autres structures de soins, car les walis seront habilités à réquisitionner des espaces publics à cet effet”, affirme le Dr Brouri. Ce dernier révèle aussi que son organisme a acquis des quantités de solution hydroalcoolique, destinées à la désinfection du matériel et des ambulances. “Cette solution est l'un des meilleurs moyens de désinfection et nous tenons à préserver notre personnel en premier, car il est appelé à prendre en charge d'éventuels malades. Les ambulances se rendront probablement vers des sites infectés, aussi faut-il les désinfecter pour prémunir nos agents”, explique le sous-directeur des secours médicalisés à la Protection civile. L'Institut Pasteur d'Alger est lui aussi inclus dans le plan national de prévention contre la grippe aviaire. D'ailleurs, il est considéré comme centre de référence pour l'Algérie par l'OMS. “Nous disposons de moyens pour détecter le virus H5N1. Mais nous préconisons d'éviter l'affolement et nous déclarons que la consommation de volaille ne représente aucun danger”, estime le Pr Belkaïd, DG de l'Institut Pasteur d'Algérie. Pour sa part, le Dr Boughdour, directeur des services vétérinaires au ministère de l'Agriculture, “l'Algérie est encore indemne et aucun cas n'est à déplorer tant parmi la faune sauvage ou domestique. Nous avons procédé à 1 300 prélèvements parmi les oiseaux sauvages et domestiques et les analyses ont toutes été négatives”, rassure le docteur Boughdour. Ce dernier rappelle que quelque 300 000 oiseaux sauvages hibernent en Algérie. De toutes les manières, tous les spécialistes tiennent surtout à œuvrer pour se préparer convenablement sans pour autant créer un climat de psychose. Saïd Ibrahim