Pour faire face à un risque d'épidémie, un budget de 17 millions de dollars a été mobilisé pour acheter les médicaments antiviraux. Les risques de recombinaison avec un virus humain ou de mutation du virus de la grippe aviaire sont pris au sérieux par tous les gouvernements du monde au point où l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a chargé, entre autres, le Fond mondial pour l'alimentation (FAO) et l'Organisation internationale des épizooties (maladies propres aux animaux) de suivre l'état des animaux domestiques ou sauvages. Des équipes à la pointe de l'industrie des médicaments innovants tentent de mettre au point le vaccin ô combien salvateur en cas de pandémie de grippe aviaire. Pour rappel, en 1918, la grippe asiatique avait fait entre 20 à 40 millions de morts, soit plus que la victime du premier conflit armé planétaire. Pour parer à toute éventualité, le ministère de la santé a mis sur pied, depuis juin 2005, un comité national de lutte contre la grippe aviaire. Lors de la journée d'étude sur le sujet, organisée hier au siège du département de la santé, tous les secteurs concernés ont exposé soit l'état de la situation sur le plan international, soit les mesures déjà prises par l'Algérie pour faire face à une pandémie jamais observée. Le Dr Armani, responsable du comité national de lutte contre la grippe aviaire, a affirmé que des mesures ont été arrêtées pour la phase précédant la pandémie et pour la période de l'épidémie à grande échelle. C'est ainsi qu'elle déclare : “En compagnie d'autres ministères concernés, nous avons mis sur pied des relais de veille chargés de relever toute maladie dans le règne animal.” Elle estime, par ailleurs, qu'en cas de déclaration de maladie, ce qui est peu probable mais envisageable, des mesures d'isolation des malades et des citoyens seront arrêtées. “En cas de pandémie de grippe aviaire touchant l'Algérie, il sera interdit de se réunir, les citoyens seront invités à rester chez eux, et les antiviraux seront utilisés durant la première vague, avant l'arrivée des vaccins qui ne seront disponibles que lors de la deuxième vague d'épidémie”, estime le Dr Amrani. En cas de suspicion, la vaccination contre la grippe ordinaire visera les personnes âgées et les malades chroniques qui pourront ainsi mieux résister. Pour sa part, le Dr Boughdour, directeur des services vétérinaires au ministère de l'agriculture, tient avant tout à relativiser la situation d'autant plus que le virus n'a pas encore muté. Il annonce les derniers chiffres d'infection de volailles : “250 millions de volailles suspectes ont été éliminés et ce, dans des régions pauvres du Vietnam, de Chine, de Thaïlande, etc.” Il rappelle que depuis les premiers cas de cette maladie, 66 humains sur les 130 hospitalisés ont péri. L'Algérie, qui n'importe que des poussins d'un jour de 5 pays européens, où la sécurité est garantie, a tout de même interdit toute importation des Pays-Bas et d'Allemagne depuis 2003, année où une flambée de la maladie a été observée en Hollande et qui avait causé la mort d'un vétérinaire. Par ailleurs, toute introduction d'oiseaux exotiques est prohibée. Le respect des normes de sécurité alimentaire a permis au Japon d'endiguer la première flambée de grippe aviaire qui l'a frappé. Certes, le pays a les moyens de sa politique, et a mobilisé 100 millions de dollars pour l'achat d'antiviraux. Amar Tou, ministre de la santé, a révélé que le gouvernement a fait mieux en la matière. “Eu égard au nombre d'habitants, nous avons légèrement fait mieux puisque nous avons mobilisé un 1/6 du budget japonais pour ce chapitre.” Le ministre rappelle que ces médicaments peuvent ne pas être utilisés, mais, estime-t-il, “nous préférons les acheter et prendre nos précautions”. D'ici là, croisons les doigts et souhaitons que le virus ne mute pas ! SaId Ibrahim