Après une trentaine de disques, sortis depuis le milieu des années 1970, des milliers de cours de danse et de percussion, des concerts donnés à travers le monde entier, Guem se produira aujourd'hui à Alger à la salle Ibn Zeydoun. Ce musicien d'origine algérienne, établi en France en 1960, est considéré comme le percussionniste “le plus complexe et le mieux accompli”. Toutes les sonorités qu'offrent les percussions agrémentées de danses sont au rendez-vous. Parce que dans ses compositions, il conserve la volonté d'offrir à la percussion une véritable place mélodique dans l'univers musical. Et non simplement d'un rôle d'accompagnement à d'autres instruments. Aujourd'hui donc, accompagné de cinq musiciens, Guem promet de la transe gnawa de ses origines sahariennes, et les fluctuations du jazz, né dans des conditions historiques identiques. Il n'omettra certainement pas de faire un clin d'œil à la salsa latino. Le spectacle promet d'être à la fois un philtre fait de joie, de tristesse et de passion. “La musique appartient à tout le monde et comme j'aime à le dire, le rythme n'est pas noir… chaque être a quelque chose à donner, mon but est de le réveiller”, aime à dire celui qui a d'abord tenté sa chance dans le monde du football professionnel. Mais, lorsque l'on a grandi dans les enchantements de ceux qui ont fait du rythme un moyen de dire qu'ils n'oublient pas leur origine d'hommes opprimés, les stades ont cédé devant l'appel des peaux. La tradition familiale de Guem étant centrée autour de la musique de transe, qui lui livrera les grands secrets du registre gnaoui. Il perfectionnera cet héritage, après un passage au Centre américain de Paris qui lui permettra de jouer avec la fine fleur des jazzmen français et américains. Puis, il décide d'entamer une véritable carrière de chef d'orchestre des percussions dont il maîtrise l'ensemble des instruments. C'est ce qui fait, aussi, sa particularité et sa “complexité”. D'ailleurs, en 1981, lors d'un séjour au Brésil, il ne pouvait échapper au football. Mais le Brésil est aussi le pays de la salsa. Après une tournée de deux mois, il en sortira son album le plus populaire : O Universo ritmico, qui témoigne de sa vision du Brésil. Cette année, Guem a sorti un album dont l'intitulé illustre les multiples dons du musicien. Cet album s'appelle Caméléon, celui qui apprivoise les sonorités du monde entier et lorsque il lui est demandé quelle percussion fut sa dernière découverte, il répond : “C'est le corps. Parce que le corps est la première et la dernière percussion, celle avec laquelle tout commence et tout se termine.” Mais on peut aussi s'interroger sur les raisons qui ont poussé Guem à faire de la percussion non pas un simple instrument d'accompagnement. C'est qu'à ses débuts, les managers lui répondaient invariablement : “Le groupe se compose de cinq musiciens plus le percussionniste !” Et non satisfait d'avoir élevé la percussion au rang de l'art, Guem est également danseur. C'est donc un artiste à voir et à écouter pour ses performances spectaculaires, entremêlant sorcier des rythmes ancestraux sur lesquels il a greffé son originalité. S. B. Concert de percussion avec Guem Salle Ibn Zeydoun, Office Riadh El Feth à 19h. Accès : 300 DA. Concert organisé par le Centre culturel français d'Alger.