L'ambiance était à son «comble», samedi soir au Palais de la culture Malek-Haddad de Constantine, qui abrite et jusqu'au 19 mai le 3e Festival international de jazz. Le public «particulièrement» chaleureux, s'est laissé emporter par des sons rythmés de tam-tam africain. La jeunesse venue en force s'est parfaitement identifiée à la cadence régulière, imprimée par cette «musique» de «percussions» qui leur est familière. Ce magnifique spectacle était animé par «Guem» de son vrai nom Abdelmadjid Guemguem, natif de Batna. L'artiste, qui a su attirer «admirablement» le public, est considéré comme une référence incontestée dans le monde des percussions, il est cependant un musicien complexe dans son genre, s'intéressant aux rythmes du monde entier. Il dira dans ce contexte: «La musique appartient à tout le monde et comme j'aime à le dire, le rythme n'est pas uni...». Guem est arrivé en France au cours des années 60, pour une carrière de footballeur professionnel. Mais très vite, il comprendra que son «destin» est ailleurs. Au centre américain de Paris, l'artiste apprendra à jouer de la musique avec les fines fleurs des jazzmen français, mais aussi américains tels que Michel Portal et Steve Lacy. Il décide alors de faire carrière dans un domaine entièrement lié à sa peau, en véritable chef d'orchestre des percussions. Son premier album sera enregistré en 1973, intitulé Percussions africaines. Cinq ans plus tard, Guem allait vivre son premier grand succès avec l'album Guem et Zaka. Ce tube avait été enregistré avec ses élèves du centre culturel américain. Au cours de cette période, l'artiste avait composé son plus célèbre morceau, Le Serpent, repris en 1996 pour être le générique de l'émission Ça se discute. La carrière est construite sur une trentaine de disques, des milliers de cours de danse et de percussions, des concerts à travers le monde entier. En gardant les pieds sur terre, Guem a su conserver la même valeur et «offrir à la percussion une véritable place mélodique de l'univers musical», qui n'est pas forcément rythmique. Il offrira toujours, par son art de percussions abordé comme un apprentissage perpétuel force et douceur, mélodie et rythme, joie et tristesse, spiritualisme et passion. A la salle de spectacle de Malek Haddad, accompagné d'Ibrahima Diabaté, Rachid Mehadjer... Issakha Sow, Abdelkader Meguerni, Guem s'est montré comme le maître de la percussion. Il était très heureux de jouer pour la première fois en Algérie, il déclare juste avant le spectacle : «Je suis très heureux aujourd'hui d'avoir eu la chance de conquérir un public qui m'est très cher. Je me considère comme l'ambassadeur de la percussion, j'ajouterai que la musique algérienne est un riche héritage...», poursuivant : «Je remercie l'association musicale Limma qui m'a permis de m'exprimer...». En ce sens, il est important de rappeler que le Festival international de jazz est régulièrement organisé (chaque année) à Constantine par l'association Limma. Malgré les difficultés rencontrées, cette association réussit ses activités avec succès. En ce sens, M. Zohir, membre du comité et directeur financier, nous confie : «Comparée aux deux années précédentes, cette année est plutôt satisfaisante. On a réussi à obtenir la collaboration des autorités locales, du Centre culturel français et des ambassades suisse et belge. Nous comptons organiser ce festival chaque année, sachant que cette initiative commence à avoir des échos favorables internationaux». Au programme tracé, on connaîtra la participation de Nguyen Le, Just Freinds, Sinoy, Peter Hertmans trio, B. Connected Aka Moon et David Gilmore.