Selon toute évidence, l'Algérie fait le choix de la transparence et de la collaborationpour tirer son épingle du jeu dans un dossier qui fait l'objet de polémiques de plus en plus acérées au niveau international. Comme annoncée récemment à Washington par le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, une délégation d'experts américains du Département d'Etat à l'énergie a entamé, hier, une visite de travail en Algérie qui devra s'étaler sur plusieurs jours. La délégation américaine de l'Administration nucléaire nationale de sécurité (NNSA), conduite par M. Kenneth E. Barker, a été reçue, hier, par le ministre de l'Energie et des Mines. L'audience, qui s'est déroulée dans le nouveau siège du département, au Val d'Hydra, en présence du directeur général du Commissariat national de l'énergie atomique (Comena), M. Mohamed Derdour, a porté, selon un communiqué du ministère, sur la coopération en matière de formation dans le domaine de la sécurité des activités nucléaires à des fins pacifiques. La rencontre a permis aux deux parties d'échanger les points de vue et d'examiner les possibilités de création de laboratoires jumelée (sister's laboratories). Cela en ce qui concerne le domaine de l'énergie, car l'objet de la visite, qui entre dans le cadre de la coopération qu'Alger et Washington développent depuis plusieurs années dans le secteur du nucléaire, notamment dans ses dimensions conseil et assistance, serait encore plus large. Cette délégation de spécialistes américains du nucléaire rencontrera, selon le programme tracé, l'ensemble des acteurs et agents intervenant dans le domaine du nucléaire, à l'image du Commissariat à l'énergie atomique (Comena) et visitera certaines structures comme les réacteurs Nour et Salam. Au-delà du fait que ce déplacement constitue une preuve indubitable du degré atteint par la collaboration entre les deux pays dans ce domaine sensible, il n'en est pas moins une illustration de l'importance que commence à prendre l'Algérie dans le concert des nations dans la lutte contre la prolifération des armes nucléaires. Dans un contexte international, marqué par la crise provoquée par le dossier nucléaire iranien, le pays semble avoir pris la ferme résolution d'instaurer une totale transparence autour de son propre programme de recherche tout en privilégiant une coopération bilatérale et multilatérale dans le but de développer et de mettre cette énergie à disposition d'une utilisation civile. D'ailleurs, la collaboration dans ce domaine, entre l'Algérie et les institutions internationales, a atteint une telle importance qu'il n'a pas fallu beaucoup d'efforts à nos représentants pour convaincre l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à accepter d'organiser, à Alger, une réunion régionale sur le dossier de la non-prolifération des armes nucléaires avant la fin de l'année en cours. C'est lors de la 49e conférence générale de l'agence que la proposition a été faite et la décision prise. Cette institution internationale semble avoir apprécié positivement la disponibilité et l'implication de l'Algérie dans les actions anti-prolifération des armes nucléaires, comme le démontre les activités régulièrement organisées en collaboration justement avec l'AIEA. D'ailleurs, pas plus tard qu'à la fin du mois dernier, un séminaire portant sur “les garanties, la sûreté et la sécurité nucléaires” a été organisé à Alger par le ministère de l'Energie et des Mines et le Commissariat à l'énergie atomique (Comena) avec le concours de l'AIEA. M. Chakib Khelil n'avait d'ailleurs pas manqué d'insister sur la transparence qui doit prévaloir dans la conduite du programme nucléaire algérien. “La transparence en matière nucléaire est une nécessité impérative si l'on veut que notre pays s'engage dans les technologies nucléaires avec l'adhésion et le soutien de l'opinion publique, des institutions nationales et internationales, dont le concours est aussi précieux qu'indispensable”, avait-il estimé, tout en rappelant, à ce propos, les conventions ratifiées par l'Algérie. Lors de cette rencontre, un bilan de la coopération avec l'AIEA, qui s'oriente vers un appui et un financement des projets utilisant le nucléaire, a été présenté. Il en ressort, en effet, que depuis 1980, pas moins de 74 projets d'un montant total de 10 millions de dollars ont été financés par l'AIEA dans les domaines des ressources humaines, la santé, l'eau, l'énergie et les mines, le dessalement de l'eau de mer, l'environnement et l'industrie. Quelques jours avant ce séminaire, plus précisément le 21 février, un exercice de simulation d'accident radiologique s'est déroulé à l'Unité nationale d'instruction et d'intervention de la Protection civile à Dar El-Beïda, à Alger, dans le cadre des travaux du premier atelier sur le développement des capacités nationales de répondre à des situations d'urgence nucléaires et radiologiques. Deux experts de l'AIEA avaient d'ailleurs assuré la veille le suivi des cours qui ont débouché sur l'exercice. Selon toute évidence, l'Algérie fait le choix de la transparence et de la collaboration pour tirer son épingle du jeu dans un dossier qui fait l'objet de polémiques de plus en plus acérées au niveau international. D'aucuns estiment, dans ce contexte, que la coopération constitue le moyen le plus efficace pour assurer un transfert technologique dans un domaine considéré comme extrêmement névralgique. Hamid Saïdani