L'Algérie n'a pas exclu un recours à l'arbitrage international en cas d'échec quant à la renégociation des contrats de vente de gaz. Un agenda chargé. Un timing planifié. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines est aux Etats-Unis. Pedo Solbes, ministre espagnol de l'Economie et des Finances sera aujourd'hui à Alger sur invitation de son homologue algérien, Mourad Medelci. Pedro Solbes s'entretiendra avec Mohamed Meziane, président-directeur général de Sonatrach. La question du gaz, principal produit d'exportation algérien vers l'Espagne, n'est pas à l'ordre du jour de cette visite, selon des sources espagnoles. Normal, Chakib Khelil est à Washington où il négocie un protocole d'accord pour développer et renforcer la coopération bilatérale dans le domaine nucléaire. Mais il n'est pas dit que Mohamed Meziane ne remette sur la table l'épineux dossier. Le quiproquo algéro-espagnol est né après que les Espagnols aient refusé une renégociation des contrats de vente de gaz par Sonatrach à l'entreprise espagnole Gaz Natural. Cette renégociation, entamée il y a deux ans, et qui ne concerne qu'environ le tiers du gaz algérien exporté vers l'Espagne, vise à ajuster le prix considéré, aujourd'hui par l'Algérie, comme étant «très bas» par rapport aux prix du marché. L'Algérie veut augmenter le prix de 20% en deux étapes sur une année, de façon à limiter l'impact de ce réajustement sur le consommateur final espagnol. Devant la réticence des Espagnols, Chakib Khelil avait menacé de faire recours à un arbitrage international. Au différend sur les prix du gaz, s'ajoute un autre problème, celui des limitations imposées par Madrid au volume gazier que l'Algérie pourra vendre directement sur le marché espagnol. Une attitude que le ministre de l'Energie et des Mines a déjà dénoncée récemment. Il a déclaré que l'Algérie «n'est pas satisfaite» de ces limitations et que la filiale de commercialisation de Sonatrach, installée en Espagne, est l'objet d'une «évidente discrimination». Par ailleurs, Chakib Khelil a fait remarquer, à partir de Washington, que «l'installation d'une taxe sur les profits exceptionnels est bien appliquée par d'autres pays comme le Royaume-Uni. En Algérie, elle touche toutes les compagnies qui y travaillent. Elle sera maintenue, d'autant que la majorité des contrats ont été signés en 1989, qu'ils sont déjà amortis et que les sociétés qui y sont soumises ne sont nullement affectées du point de vue de leur rentabilité». Ce qui sonne comme un avertissement adressé à Mohamed Meziane lui signifiant que l'Algérie n'est pas prête de céder un iota sur ses droits. Auparavant, Pedro Solbes s'entretiendra avec M.Medelci avec qui il animera une conférence de presse. En outre, Pedro Solbes sera reçu par le chef du gouvernement algérien, Abdelaziz Belkhadem, avant de rencontrer le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, pour étudier les éventualités d'investissement en Algérie. Pour rappel, le gouvernement espagnol a annoncé, il y a trois semaines, la conversion de 30 millions d'euros de dette algérienne en investissements au profit de projets publics, notamment dans la formation.