Le traité d'amitié, envisagé entre l'Algérie et la France, initialement prévu pour la fin de l'année écoulée, puis reporté pour l'année en cours, est-il compromis ? S'il faut sans doute se garder de tirer des conclusions hâtives, il reste que le constat de l'immobilisme qui caractérise les relations entre les deux pays depuis quelques mois est largement établi. Le report inexpliqué de la visite que devait effectuer, le 27 février dernier, François Loos, ministre délégué à l'Industrie, est, à ce titre, édifiant. Raison de ce froid ? La loi du 23 février qui glorifie la présence française dans ses anciennes colonies. Une loi qui avait, faut-il le rappeler, créé une grande polémique entre les deux capitales. Dans un entretien accordé, hier, à l'agence officielle APS, le chef de la diplomatie algérienne a reconnu, pour la première fois, que le texte adopté par le Parlement français a freiné la dynamique des relations entre les deux pays, laquelle devait, à terme, aboutir au traité en question. “En ce qui concerne la loi française du 23 février, glorifiant le colonialisme, elle a, il faut le reconnaître, considérablement freiné l'élan dans lequel se sont engagées les relations entre les deux pays, particulièrement durant ces cinq dernières années”, a reconnu M. Bedjaoui. Et l'usage du vocable “considérable” n'est pas peu dans la bouche du diplomate. Cependant, l'optimisme reste de rigueur d'autant que les Français ont concédé, via le Conseil constitutionnel, à supprimer l'article à l'origine de la levée de boucliers. “Avec la récente décision du Conseil constitutionnel français de déclasser l'article 4 de cette loi, ces relations devraient reprendre désormais leur cours normal”, a estimé M. Bedjaoui. Un geste qui permet, à ses yeux, du moins le sous-entend-il, de “fouetter” le projet du traité d'amitié. Un traité, loin de souffrir de quelque remise en cause. “Quant au projet de traité d'amitié, il y a lieu de signaler que cet objectif est toujours à l'ordre du jour et que c'est un projet qui retient l'attention personnelle des deux chefs d'Etat”, a ajouté le ministre, pourtant peu bavard jusque-là et dont la sortie s'apparente à un souci de dissiper les interrogations soulevées dans la presse. Pour le ministre des AE, la déclaration de mars 2003, à Alger, signée à l'issue d'une visite historique de Chirac, a balisé le terrain des relations futures entre les deux pays. “L'Algérie et la France ont, de toute façon, éclairé les horizons de leur relation, dans sa densité, à travers la Déclaration d'Alger de mars 2003, texte qui permet de tracer les contours de ce que doivent être les relations futures entre les deux pays avec la perspective de mise en place, à terme, d'un partenariat exemplaire et d'exception, tel que souhaité par le président Bouteflika et le président Chirac.” Otages des pesanteurs historiques, les relations algéro-françaises ont toujours évolué en dents de scie. S'il est évident qu'elles aient connu une amélioration considérable, ces dernières années, grâce, notamment, à l'amitié qui lie les présidents des deux pays, il reste que le chemin semble ardu pour asseoir un véritable partenariat d'exception tel que souhaité de part et d'autre de la Méditerranée. Le Hamas dans les bonnes grâces de la Ligue arabe ll M. Mohamed Bedjaoui a laissé entendre, hier, que le Sommet de la Ligue arabe, prévu le 28 mars prochain, devrait théoriquement délivrer un “message” en direction de ceux qui considèrent le Hamas, parti victorieux lors des dernières législatives palestiniennes, comme une organisation terroriste. En décodé : les Arabes, tout comme le reste des pays concernés par la crise du Proche-Orient, doivent compter désormais avec le parti fort de Palestine. “Ceux qui veulent faire du mouvement palestinien Hamas une partie du problème doivent recevoir un message clair du Sommet de Khartoum, selon lequel il faut respecter la volonté librement exprimée du peuple palestinien et considérer le Hamas comme une partie de la solution.” KARIM KEBIR