Les films Sia, le rêve du python, du Burkinabé Dany Kouyaté, et Visa ou la dictée, du Tunisien Brahim Lataeif, ont donné le coup d'envoi de la manifestation. La cinématographie africaine, à qui est revenu l'honneur de représenter le film des pays francophones lors de cette soirée d'inauguration, témoigne de la malvie des peuples du continent noir. Le film francophone est depuis jeudi à l'honneur à la salle Ibn-Zeydoun, où une affiche alléchante de productions cinématographiques de divers pays de l'espace francophone est proposée aux cinéphiles algérois jusqu'au 3 avril. Organisée par dix-huit représentations diplomatiques des pays francophones à Alger, la cérémonie inaugurale a été une occasion pour les diplomates de ces pays de se retrouver, l'espace d'un moment cinématographique. Présenté en première partie de la soirée, le court métrage du réalisateur tunisien, Brahim Lataeif, intitulé Visa ou la dictée, propulsera l'assistance dans un monde surréaliste. Celui d'un prétendant au visa. Le film décrit avec beaucoup d'ironie le parcours du combattant d'un citoyen tunisien désirant rejoindre son cousin en France. Les projets du jeune homme, comptable de son état, sont conditionnés par l'obtention du fameux sésame. Une dictée est même imposée aux candidats. Les trente minutes du film résument de façon parfaite la déchéance humaine que vivent, quotidiennement, des milliers de jeunes Africains devant les ambassades européennes. Et les Algériens sont les plus avertis. Le deuxièmes film présenté est Sia, le rêve du python du réalisateur Dany Kouyaté. Projeté en VO, le film plonge dans la légende du Wagadu, mythe fondateur des peuples Mandingues : Malinké, Bambara, Soninké, Peuls, Dioulas du sud de la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée, le Mali, le nord de la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso. Koumbi, cité dominée par un empereur, Kaya Maghan (Kardigué Laïco Traoré), est frappée par la misère. Dans l'optique de ramener la prospérité, les prêtres de l'empereur préconisent la pratique d'un sacrifice humain dont le peuple ne croit plus aux vertus et autres retombées. C'est la belle Sia (Fatoumata Diawara) qui est désignée pour le sacrifice. C'est sous couvert de la légende que le réalisateur a choisi de "raconter" le quotidien des population africaines du XXIe siècle. Misère, famine, dictature, coup d'Etat … la légende a traversé le temps pour rattraper cette partie "damnée" de la terre où le temps des siècles n'effacent pas les drames. Et c'est toutes les luttes intestines de l'Afrique qui sortent au grand jour avec des décors et des costumes puisés dans la pure tradition africaine. Sia, le rêve du python est une critique virulente de la dictature et des régimes africains qui la perpétuent. 96 minutes de temps auront été largement suffisantes pour le réalisateur pour mettre en valeur la force dramaturgique de la culture africaine, où le fou sage tient un rôle important. Il faut dire que la réalité de l'Afrique est très proche de la légende, où les dictateurs règnent et où les peuples croupissent sous l'effet de la misère. W. L.