Le souverain considère qu'il est impossible d'appliquer le plan Baker et persiste à revendiquer le statut d'autonomie pour cette ancienne colonie espagnole. Prenant le soin cette fois-ci de ne pas citer l'Algérie, Mohammed VI a, cependant, réaffirmé la position du royaume concernant le dossier sahraoui dans son discours prononcé, hier, à partir d'Al Ayoune. Le souverain alaouite a indiqué qu'il n'était nullement disposé à lâcher du lest. “Nous réaffirmons, à cet égard, que nous ne céderons pas un seul pouce, ni un grain de sable de notre cher Sahara”, a-t-il clamé du haut de son trône. Un quart de siècle après la mise en place par Hassan II du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (Corcas), le roi du Maroc a procédé à la nomination des 140 membres de cet organe, dont il n'attend que des “initiatives pour le retour et l'intégration” des “provinces du Sud”, dans la souveraineté marocaine. Dans son allocution, il a estimé que les “nouveaux développements au niveau international depuis que s'est confirmée aux Nations unies l'impossibilité d'appliquer le plan de règlement onusien” ont rendu nécessaire “une solution politique négociée et acceptée par toutes les parties”. Il s'obstine à refuser d'entendre parler du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Selon lui, la solution de ce conflit réside dans “une solution politique garantissant aux habitants de la région la possibilité de gérer leurs affaires régionales, dans le cadre de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale inaliénables de notre pays”. Cette solution constituerait “un règlement juste du différend artificiel dans la région et une contribution à l'édification d'un Maghreb arabe où règnent la coopération et la prospérité, et d'un espace régional où dominent la paix et la stabilité”. Son appel aux formations politiques marocaines pour lui soumettre leurs suggestions et la mise en place du Conseil sahraoui constituent, à ses yeux, une “double consultation démocratique, aux niveaux national et local, au sujet d'une question vitale pour le peuple marocain, intervenant dans un climat de mobilisation unanime, et de nature à conduire, à terme, à l'éclosion d'une conception nationale cohérente et réaliste d'une autonomie garantissant à tous les habitants du Sahara la possibilité de gérer leurs affaires régionales, dans le cadre de la démocratie et de suprématie de la loi”. Il s'avère en fin de compte que le déplacement de Mohammed VI au Sahara Occidental n'était qu'un coup d'éclat à quelques jours de la tenue d'une session du Conseil de sécurité des Nations unies, consacrée au dossier sahraoui, dans la perspective d'influer sur les avis des membres de l'organe exécutif de l'ONU. Même ce qui était le plus attendu de son discours, à savoir le contenu du projet d'autonomie qu'il se propose d'accorder aux populations sahraouies, n'a pas été révélé. Balayant d'un revers de main le plan de paix de James Baker, qu'il juge “impossible à appliquer”, le roi du Maroc poursuit sa fuite en avant en comptant sur un éventuel soutien de ses alliés occidentaux pour atteindre ses objectifs visant à spolier le peuple sahraoui de ses droits inaliénables. K. ABDELKAMEL