Pour le royaume chérifien, il n'est pas question de céder sur l'option de colonisation adoptée depuis 1975. Mais l'ONU ne l'entend pas de cette oreille. Le roi Mohammed VI du Maroc persiste et signe. Son pays ira au deuxième round des négociations avec le Front Polisario sur l'avenir du Sahara occidental avec le même état d'esprit qui l'a animé lors de la première phase des pourparlers. Pour le Maroc, l'autonomie représente l'ultime solution pour régler le conflit du Sahara occidental qui perdure depuis plus de 30 ans. “La solution (...) à ce conflit artificiel est le projet d'autonomie consensuel sous la souveraineté du Maroc et rien d'autre que ce projet d'autonomie”, a déclaré le souverain lors de son discours à la nation prononcé à Tanger à l'occasion du 8e anniversaire de son intronisation. Dans son allocution, dont une grande partie a été consacrée au Sahara occidental, le roi a affirmé que “le royaume s'engage à respecter tout accord politique actuellement acceptable qui sera réalisé sur la base de cette initiative, avec toutes les parties réelles et effectives”. “Le Maroc a participé de bonne foi au premier round des négociations sur le Sahara”, a-t-il dit. Le royaume et le Front Polisario ont mené des négociations directes sous l'égide de l'ONU les 18 et 19 juin à Manhasset, près de New York. Un second round de négociations est prévu les 10 et 11 août prochain. “Si longues et laborieuses que puissent être les négociations, a-t-il ajouté, nous garderons notre main tendue en direction de toutes les vraies parties concernées par un règlement politique de ce différend artificiel, dans l'espoir de les convaincre de l'opportunité historique qu'offrent ces négociations”. Le Maroc avait soumis à l'ONU un projet de “large autonomie” pour le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole annexée par Rabat en 1975. Rabat propose notamment la mise sur pied d'un gouvernement local, d'un parlement et d'une juridiction autonomes. Le Front Polisario, soutenu par l'Algérie, a rejeté ce projet, revendiquant l'indépendance du territoire via un référendum d'autodétermination. Peu avant l'ouverture de la première phase des négociations, l'Algérie avait durci sa position sur le Sahara occidental en posant la reconnaissance du droit à l'autodétermination des Sahraouis comme condition à l'édification de l'Union du Maghreb arabe (UMA). L'Algérie mettait ainsi, pour la première fois, la pression sur ses partenaires maghrébins en faisant de la reconnaissance de ce droit une condition à la construction de l'UMA (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie). Alger reconnaissait en même temps, et pour la première fois aussi, que le conflit du Sahara occidental, qui dure depuis 32 ans, est un obstacle à l'édification du Maghreb. “Le problème du Sahara occidental représente un facteur de blocage du processus de l'édification du Maghreb qui conditionne l'avenir de toute notre région”, avait affirmé le président Abdelaziz Bouteflika lors de la visite du président du Nicaragua, Daniel Ortega. L'UMA, fondée en 1989 par le Traité de Marrakech (Maroc), est en panne depuis 1994, date de son dernier sommet, en raison de profondes divergences entre l'Algérie et le Maroc sur l'avenir du Sahara occidental. Les cinq chefs d'Etat qui doivent se réunir régulièrement selon la Charte de l'UMA, avaient échoué en mai 2005 à tenir un nouveau sommet à Tripoli, après avoir également échoué en 2004 à Alger, pour relancer la construction maghrébine. Le second round des négociations, à l'instar du premier, se déroulera à huis clos en présence de délégués d'Algérie et de Mauritanie, comme convenu dans le format Baker, après les accords de Houston de 2003. R. B.