Le roi du Maroc persiste et signe, faisant fi de la communauté internationale et des résolutions de l'ONU sur le contentieux sahraoui. Jugeant ‘'obsolète'' et ‘'inapplicable'' un référendum au Sahara occidental, le roi du Maroc, Mohammed VI, a proposé en échange, une «large autonomie», dans le ‘'cadre de la souveraineté'' marocaine, pour les territoires sahraouis. Le souverain chérifien feint ainsi d'ignorer que ce territoire, (toujours considéré comme une colonie espagnole par le droit international, les textes et résolutions de l'ONU, de même que par les avis de la Cour internationale de justice, (CIJ) qui n'appartient pas au Maroc, reste soumis à l'autodétermination par laquelle le peuple du Sahara occidental se prononcera sur son devenir. Aussi, le seul cadre dans lequel évolue cette affaire est celui de l'ONU car elle relève d'un problème de décolonisation, comme stipulé par plusieurs résolutions du Conseil de sécurité. Cette situation n'ayant pas changé, le contentieux reste donc soumis aux lois internationales. Et, à ce que l'on sache, le Maroc n'est pas au-dessus de ces lois, même s'il peut compter sur le soutien, -inapproprié car il entrave une solution équitable et légale au problème sahraoui- d'une ou de deux grandes puissances (membres permanents du Conseil de sécurité de (l'ONU), ce qui ne modifie en rien la donne initiale qui demeure encore et toujours la décolonisation. Et la résolution 1514 (XV) de juin 1960 du Conseil de sécurité sur le droit des peuples colonisés à l'autodétermination s'applique au Sahara occidental, comme elle a fini par s'appliquer au dossier similaire du Timor-Oriental occupé en 1975 dans les mêmes conditions par lesquelles le Maroc s'est «approprié» la même année (1975) le territoire sahraoui. En fait, c'est une question de temps, et ce qui a pu être réalisé au Timor le sera un jour prochain au Sahara occidental, lequel n'est pas un problème interne qui relève du seul royaume chérifien. Lors de son périple au Sahara occidental, le roi Mohammed VI a présenté son plan «d'autonomie» aux tribus et au ‘'conseil consultatif sahraoui''. Dans le discours prononcé à l'issue de sa visite dans les territoires sahraouis occupés, le roi du Maroc a déclaré que la solution de «l'autonomie» constitue «un règlement juste du différend artificiel dans la région et une contribution à l'édification du Maghreb arabe où règneraient la coopération et la prospérité dans un cadre régional où domine la paix et la stabilité». Ce qui est tout un programme. Car, comment peut-on parler de «règlement juste» et équitable lorsque l'on dénie au peuple sahraoui le droit de se prononcer par référendum sur son avenir? Alors que l'occupation du territoire est réelle. La construction du Maghreb? Des mots pompeux sans signification lorsque l'on sait que c'est Rabat qui a gelé le fonctionnement de l'UMA et bloque toute alternative sérieuse d'unité au Grand Maghreb. Juge et partie, le Maroc veut décider du sort d'un territoire et d'un peuple qu'il faut encore démontrer qu'il est marocain pour le premier, qu'ils veulent devenir Marocains pour les seconds. Faisant le point sur la sortie royale au Sahara occidental, le ministre marocain de la Communication, Nabil Benabdallah, a indiqué que Mohammed VI va «élaborer une synthèse» pour proposer à l'ONU un projet «crédible qui est l'émanation de l'ensemble de la population marocaine», le ministre marocain incluant sans autre forme de procès les Sahraouis dans «la population marocaine». Les redondances de Mohammed VI n'ont pas laissé indifférents les Sahraouis qui ont réagi au discours prononcé par le roi du Maroc. Ainsi, Mohamed Abdelaziz, secrétaire général du Front Polisario et président de la RASD, a réaffirmé, sur la chaîne satellitaire Al Jazeera, «le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination», dénonçant le gouvernement marocain qui, selon lui, «bloque la solution au problème du Sahara occidental» qui doit découler du plan Baker - du nom de James Baker, ancien représentant personnel de Kofi Annan - secrétaire général de l'ONU - pour le Sahara occidental- adopté à l'unanimité, en juillet 2003, par le Conseil de sécurité des Nations unies (résolution 1495), comme étant la «solution politique optimale» au conflit au Sahara occidental. Le plan a été accepté par le Maroc et le Front Polisario, mais Rabat s'est vite rétractée en voulant lui substituer son propre projet «d'autonomie» qui n'est rien d'autre que la reconnaissance du fait accompli et du hold-up marocain sur le territoire sahraoui. Dans une déclaration à l'APS, faite hier, Lahcène Hritani, conseiller du président de la Rasd et secrétaire général du Front Polisario, se demandait pourquoi «le roi du Maroc parle d'autonomie (pour le Sahara occidental) comme seule solution. Pourquoi alors s'obstine-t-il à rejeter le plan Baker qui prévoit une période d'autonomie de 4 à 5 ans, suivie d'un référendum d'autodétermination». M.Hritani a rappelé d'autre part que «le plan Baker représente actuellement le seul consensus international sur le règlement du conflit» appelant par là même l'ONU à «appliquer ses propres décisions».